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célébration du centenaire de Pétrarque à Avignon ; c’est ainsi qu’au moment de sa mort il venait de promettre d’aller inaugurer le monument commémoratif de la bataille de Solférino. Surtout il pensait qu’entre deux grandes nations il est d’autres points de contact que la politique, et qu’on n’est pas toujours obligé d’insister sur les questions qui divisent.

Redevenu populaire à Florence, où on lui rendait désormais pleine justice, écouté avec respect au parlement et mêlé encore à toutes les grandes affaires, entouré d’illustres et vives amitiés, la mort l’enleva au moment où il touchait au repos, après une carrière si remplie et si agitée. Il lut d’abord enseveli dans le petit cimetière du village de l’Antella. Mais la ville de Florence et l’Italie voulurent faire plus pour leur grand citoyen. On ne jugea pas ses cendres indignes de reposer dans l’église Santa-Croce, le Panthéon florentin. En vertu d’une loi spéciale, la vieille tombe où dormaient déjà tant de membres de la famille Peruzzi fut rouverte pour recevoir son corps. Dans ces honneurs extraordinaires rendus à sa mémoire, et auxquels applaudit la presse de tous les partis, on serait heureux de penser qu’il y eut, à côté de la respectueuse admiration pour l’homme, un hommage à la politique qu’il avait toujours représentée : politique d’ordre et de vrai libéralisme à l’intérieur ; et au dehors, politique de modération, de paix et de fidélité à l’amitié française.


E. JORDAN.