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par 100 kilos non compris), 220,000 francs ; acide sulfurique, 70,000 francs ; acide chlorhydrique, 45,000 francs ; sulfate de soude, 35,000 francs ; sel de Glauber, 25,000 francs. On vend aussi au prix de 6 francs les 100 kilos des sels dénaturés dont le bétail se montre très friand et qui contribuent à l’entretenir en bonne santé. Le personnel de la mine comprend : quatre-vingt-quatorze ouvriers à l’exploitation, trente-deux au fonçage du puits nouveau ; neuf heures de présence, huit heures de travail effectif ; salaires des hommes, 2 à 7 francs, des enfans, 1 fr. 50 à 2 fr. 25. Dans la saline, certains ouvriers travaillent à forfait, et la moyenne des journées est de huit heures de travail, deux à trois francs de salaires, quarante et un ouvriers en tout. Vingt-trois ouvriers pour la fabrique de produits chimiques, douze heures de travail ; on occupe encore une vingtaine de voituriers, ouvriers d’art, concierges. À Gouhenans comme à Salins, directeurs et chefs de service se louent beaucoup du personnel, ce sont tous gens du pays, habitant les villages voisins, petits cultivateurs en même temps, propriétaires d’une maison et de quelques champs, fort attachés au sol. Pendant les grands travaux d’été, on restreint la fabrication, de manière à pouvoir leur accorder des permissions de huit ou quinze jours. Une société de secours mutuels leur assure des médicamens avec une indemnité d’un franc par jour de maladie ; elle a en caisse 14,200 francs, est propriétaire de neuf pensions de retraite. Tout ouvrier âgé de soixante ans a une pension d’au moins 100 francs par an. Une boulangerie fournit du pain de bonne qualité au prix du commerce local, le bénéfice est versé à la caisse de la société de secours mutuels ; on a installé aussi une boucherie qui vend au prix de revient.

Les verreries et granges de Lorraine remontent au xiv siècle : la plupart se trouvaient situées dans ! a région boisée comprise entre la Haute-Saône et le Coney, appartenant à un petit nombre de familles, et les gentilshommes verriers émigraient d’une verrerie à l’autre, suivant leur convenance ou l’intérêt de leur sécurité, tant était puissant à cette époque le lien de la solidarité : sentiment fraternel et bien entendu, car les privilèges dont ils jouissent n’empêchent pas leurs établissemens d’être soumis aux misères du temps, rançonnés, dévastés, incendiés à plusieurs reprises par les bandes armées qui se disputent les bords de la Saône, par les Suédois, au besoin par les troupes chargées de leur défense. Le village de Passavant, mi-parti lorrain, mi-parti comtois, subit la loi commune : le voisinage de grandes forêts avait été la raison d’être de la verrerie de la Rochère, la nature géodésique du terrain détermina l’installation de plusieurs grandes tuileries, ainsi qu’une active extraction de