Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/596

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vy-le-Ferroux au marquis de Resnel, Montagney au marquis de la Baume, Aillevillers au marquis de Franchevelle, Saint-Loup au marquis de Randon, Scey-sur-Saône au marquis de Bauffremont ; seule dans le bailliage de Vesoul, la forge de Villersexel ne chôme jamais. Les forges du comte d’Autrey se louent 30,000 livres, ont des produits de premier ordre, ne paient aucun droit pour aller en Lorraine. Quant aux industries dérivées de la fabrication du fer, elles sont en plus mauvaise posture encore ; des manufactures de fer-blanc, d’acier, tombent au bout de quelques années, et il faut faire venir d’Allemagne une foule d’objets communs. Cependant quelques tréfileries parviennent à se soutenir, Saint-Loup, Châtillon, Beaumotte, Montarlot.

Les choses ont bien changé depuis cent ans, et, pour ne citer qu’un seul département, le Doubs, sur 302,000 habitans, en compte plus de 100,000 qui vivent par l’industrie. Si les hauts fourneaux ont été tués par le libre-échange, on voit se multiplier fonderies, filatures, tissages, papeteries, tanneries, laminoirs, scieries, brasseries, distilleries, usines à gaz, aciéries, clouteries, fabriques de faux, de boulons, de fils de fer, de machines à coudre, de vélocipèdes, etc. Les industries métallurgiques sont en pleine activité : les forges d’Audincourt, les grandes usines de quincaillerie, de façonnerie, à Valentigney, Hérimoncourt, Pont-de Roide, la Feschotte, Saint-Hippolyte développent leur production. Une de ces industries subit parfois une crise, souffre, s’écroule, elle est bientôt remplacée, les autres continuent leur marche en avant, insensibles aux cris de détresse de la voisine, tendues vers le but, comme dans une bataille les soldats se précipitent furieusement vers un point stratégique dont la possession décidera du sort de la journée, et n’entendent plus l’appel des blessés qui tombent à leurs côtés. Ce département apporte au budget de l’État 20,699,261 fr. 72 (compte de 1890), auxquels il faut ajouter le monopole des allumettes, du tabac et de la poudre à feu : 2,046,477 fr. 10 ; — le budget départemental : 1,108,055 francs ; — les revenus de 638 communes : 4,274,536 francs. Ces chiffres suffisent à mesurer le chemin parcouru.

Trois autres industries comtoises, les salines, les verreries et les houillères, méritent une mention spéciale[1].

Les salines de Salins, déjà célèbres sous la domination romaine, ont de tout temps fourni des revenus assez notables à leurs possesseurs, comtes de Bourgogne, princes de Chalons, rois d’Espagne

  1. Rousset, Dictionnaire des communes du Jura, 6 vol. — Mémoire de Fenouillot de Falbaire sur les salines de Salins et de Montmorot, 1787. — Pour l’époque contemporaine, j’ai eu recours à l’obligeance des administrateurs ou propriétaires de ces industries, MM. Mercier, Baissat, Chevreux, Pouniquet et Paul Buquet.