Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
LA CHIMIE DANS L’ANTIQUITÉ.

cieux concours de M. Rubens Duval. Le moment est venu d’en donner une idée.

Ces écrits appartiennent à deux groupes distincts : les uns sont de simples traductions du grec ; les autres, au contraire, relèvent de la tradition arabe, et sont écrits dans cette langue, quoique en caractères syriaques. Pour le moment, nous parlerons seulement des compositions traduites du grec. Elles nous ont conservé toute une série d’ouvrages, dont quelques-uns existent même à la fois en original et en traduction, sauf quelque différence dans les versions, comme il arrive toujours.

Parlons d’abord du manuscrit du British Museum. Il débute par la liste des signes et des noms des métaux et des produits de matière médicale employés en chimie, signes et noms semblables ou identiques à ceux des auteurs grecs.

Cependant les noms des métaux sont joints, non-seulement à ceux des planètes correspondantes, mais aussi à ceux des divinités babyloniennes assimilées, dont Harran conservait le souvenir. L’étain est désigné à la fois par Zeus et par Bel ; le cuivre par Aphrodite et par Bilati, ou par Astera ; le plomb par Cronos et par Camosch, etc.

Les sept terres, les douze pierres employées comme remède et amulettes, les dix-neuf minéraux tinctoriaux employés pour colorer le verre, rappellent ces combinaisons numériques, si chères aux Orientaux et aux néo-pythagoriciens. Après ces nomenclatures, l’écrivain a transcrit une grande composition, partagée méthodiquement en dix livres, sous le titre de Doctrine de Démocrite le Philosophe. Elle débute en effet par la chrysopée et l’argyropée du pseudo Démocrite, suivie de préparations traduites du grec, relatives au travail des métaux, des verres colorés, et à la transmutation. C’est une pure compilation.

Le manuscrit syriaque de Cambridge a conservé, outre les textes contenus dans le précédent, une portion considérable de l’œuvre de Zosime, formant douze livres, perdus en grec. C’est le plus ancien ouvrage méthodique de chimie, dont le plan a été reproduit depuis lors et jusqu’à notre temps. En effet, chacun des livres de Zosime est consacré à un métal particulier et aux préparations, et teintures qui en dérivent. Ainsi les livres I et II traitent de l’argent sans titre, autrement dit asem ou argent d’Égypte. D’autres livres ont pour titre le Travail du cuivre, le Travail de l’étain, le Travail du mercure, le Travail du plomb, le Travail de l’électrum, le Travail du fer. On y voit apparaître quelques préparations désignées par le nom de leurs auteurs, Tertullus par exemple, conformément aux usages de la science moderne. Mais cet usage était