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sergens en uniforme du service ordinaire, ceux qui ont une bonne conduite et qui semblent doués d’aptitudes particulières. Le recrutement des commissaires spéciaux est relativement plus difficile ; on s’efforce de les prendre parmi de jeunes lieutenans de police, qui ont fait leur apprentissage dans la police criminelle, et il arrive même que l’on fasse avancer des sous-officiers qui se sont particulièrement distingués. Les commissaires spéciaux sont chargés et responsables de l’instruction de leurs subordonnés ; celle-ci ne peut se faire qu’oralement et par la pratique. Il n’existe pas de manuel où l’on puisse apprendre la théorie du métier. La nécessité de connaître les articles du code, qui s’appliquent aux arrestations, saisies et perquisitions, a fait élaborer un petit traité sur les fonctions de la police criminelle dont un exemplaire est remis à chacun des agens.

Nous avons déjà dit que depuis 1886 ceux-ci sont armés de revolvers. Ils touchent une indemnité de 360 marks, dont ils consacrent la plus grande partie à l’achat de vêtemens civils.

Quelques procès criminels retentissans ont eu pour conséquence de faire modifier l’organisation du service de la sûreté, notamment par la création de trois inspecteurs qui ont une sphère d’activité plus étendue que les commissaires criminels.

On a senti à Berlin, en présence de la division du travail et de la spécialisation qui sont aujourd’hui la note dominante du crime, la nécessité d’opposer aux malfaiteurs la même organisation dans la prévention et la répression.

Les criminels de profession exploitent une branche délimitée, braconnent rarement sur le terrain d’autrui, mais ils ne bornent pas leur champ d’action à un seul quartier ; loin de là, les auteurs principaux, les complices et les receleurs ne demeurent pas généralement dans le quartier où le crime a lieu. Les commissaires de quartier, déjà surchargés d’affaires, n’ont guère le moyen de se tenir suffisamment au courant de la personnalité et des relations des criminels de profession. Ce soin incombe à la seconde des trois inspections supérieures qui comprend les fonctionnaires chargés de la sûreté publique et qui a dans son ressort les agens auxiliaires et l’album des criminels. La première inspection est chargée du contrôle des personnes placées sous la surveillance de la police et de celles qui sont considérées comme dangereuses. Cette mission est confiée à l’agent affecté à chaque commissariat de quartier, et il est recommandé d’agir avec tact, avec prudence, de manière à ne pas empêcher les individus surveillés de gagner leur vie. En 1881, 1,651 anciens condamnés étaient sous la surveillance de la police, en 1888, 1,128, en 1890, 607. Cette diminution est due en partie à une différence dans l’établissement des statistiques ; la sévérité