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ne demandassent pas de prix exagérés. Il devait assurer l’approvisionnement de la capitale en céréales, en pain, en viande, en poisson, en bois, en fourrage, contrôler les stocks, administrer les greniers publics. Dans les bonnes années, on achetait les céréales qui ne trouvaient pas d’acquéreurs et on les revendait, au-dessous du prix du jour, aux indigens dans les années de disette. Ces achats avaient lieu aux frais de la caisse municipale (1,500 thalers par an de 1709 à 1748, plus tard 1,000 thalers). La police avait à s’occuper des domestiques, des étrangers, de la sécurité dans les rues, de l’observance des dimanches et fêtes, du service des pompiers. On lui avait enlevé le nettoyage des rues, qui avait été confié à une autorité spéciale. Au XVIIIe siècle, Berlin passait pour l’une des villes où l’on savait le mieux se rendre maître des incendies ; les bourgeois fournissaient un corps de pompiers, divisé en vingt-quatre compagnies, qui alternaient dans le service mensuel. Tous les ans, une inspection des maisons avait lieu et l’on s’assurait qu’il s’y trouvait la quantité de seaux et de tuyaux réglementaire. La sécurité des rues pendant la nuit était confiée à la garde de nuit, composée de 2 officiers et 52 gardiens.

Le Stadtpräsident n’était pas seulement chef de la police, chargé de l’autorité exécutive ; il remplissait en même temps des fonctions judiciaires et prononçait les pénalités en cas de contravention. La procédure usitée était sommaire et expéditive, suivant l’instruction donnée par le roi. La moitié des amendes revenait à la ville, le reste était partagé entre les fonctionnaires et les agens. Le président avait également à prononcer dans les différends entre patrons et ouvriers ou domestiques.

Au commencement du XIXe siècle, lors de la réorganisation de l’administration communale, l’État accorda à la ville une subvention qui couvrait un tiers environ des dépenses de la police (6,748 thalers, tandis que la caisse municipale et les recettes spéciales couvraient 14,467 thalers). Dès 1681, l’électeur de Prusse avait, pris à sa charge le coût du nettoyage des rues, du service des incendies et de la garde de nuit : c’était une compensation destinée à adoucir pour les habitans l’introduction de l’accise. À la fin du siècle dernier, les rues n’étaient éclairées que de septembre à mai ; et en 1785, on ne comptait que 2,354 lanternes.

Nous ne poursuivrons pas plus loin cette esquisse historique. Nous avons hâte d’arriver à une période contemporaine. Nous n’avons pas non plus à nous étendre sur l’organisation de l’administration municipale de Berlin, qui a été étudiée à diverses reprises ici même.

N’est-il pas curieux de rappeler que la loi de 1808, qui appela Berlin au gouvernement de ses affaires, ne fut d’abord pas accueillie