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ex-coupon. La Priorité 4 pour 100 s’est avancée de 410 à 460. Depuis quinze jours, l’attention s’est surtout portée sur l’obligation 4 pour 100 de consolidation qui, de 395, a haussé brusquement à 415. La Banque ottomane, bien que profitant de ces progressions de cours, s’est tenue sans changement à 570.

Les valeurs portugaises et helléniques sont délaissées dans les bas cours où les a précipitées la banqueroute plus ou moins déclarée du Portugal et de la Grèce. Le crédit de ces deux petits États a succombé sous le poids des emprunts excessifs, des dépenses exagérées, soit d’armemens, soit de travaux publics, et finalement de la disparition de la monnaie métallique et de la tension croissante du change.

Le marché anglais s’est remis peu à peu de la violente secousse qu’il avait subie en juillet. Les pertes au Stock-Exchange ont été énormes, il y a eu de nombreuses faillites sur lesquelles tout le silence possible a été fait. Des valeurs comme les actions de mines, Rio-Tinto, de Beers et autres, les actions des chemins de fer des États-Unis surtout ont éprouvé des réactions d’une grande importance. À la dernière liquidation, toutefois, la place a paru plus dégagée et rassérénée ; la dépréciation sur tous les titres qu’affectait la crise des métaux semblait arrivée à son terme. En revanche, des appréhensions se sont fait jour sur les perspectives du marché monétaire. L’or a été réexpédié en forte quantité aux États-Unis, qui, dans l’année 1892-1893, en avaient expédié en Europe pour plus de 400 millions de francs. La Banque d’Angleterre, pour défendre son encaisse, a dû élever le taux de son escompte de 2 1/2 à 3 pour 100 le jeudi 3 courant, et une nouvelle élévation à bref délai reste probable.

Le 53e congrès des États-Unis, dont l’élection, l’automne dernier, a coïncidé avec celle du président Cleveland, s’est réuni à Washington, le 7 courant, convoqué en session extraordinaire pour délibérer sur l’opportunité de l’abrogation de la loi Sherman du 14 juillet 1890. Le message de M. Cleveland rejette sur cette loi, qui oblige le gouvernement à acheter 54 millions d’onces d’argent par an, la responsabilité de la panique financière récente. Le président conclut en demandant l’abrogation, dans le plus bref délai possible, de la funeste loi.


Le Secrétaire de la rédaction, gérant,

J. BERTRAND.