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rameau de châtaignier sur un pied de chêne. Il semble aussi que la robuste vigueur du sauvageon, en provoquant dans le greffon un copieux afflux de sève, augmente sensiblement la fructification qui devient et plus hâtive et plus féconde. Faudra-t-il expier cet avantage par une durée moindre du cépage mixte ? On ne saurait se prononcer sur cette redoutable question. Les premières vignes greffées, non sur les variétés médiocres qu’on a essayées au début, mais sur les bons porte-greffes recommandés ou obtenus plus tard, n’accusent aucun symptôme de dépérissement jusqu’à ce jour. Mais il est certain que, pour compenser l’affaiblissement produit par le surcroît de vendanges dont nous venons de parler, il est indispensable de fumer plus souvent et mieux qu’autrefois. Dans ces conditions, peut-être nos enfans verront-ils les vignobles que nous avons organisés encore florissans et fructifères, en admettant toutefois que nous nous soyons toujours placés dans des conditions avantageuses de résistance au phylloxéra et à la chlorose, non moins redoutable.

Peut-être même peut-on ajouter que des conditions, médiocres au début, sont susceptibles d’une amélioration graduelle, motivée par des phénomènes d’adaptation réciproque. Dans les bons sols, toute combinaison réussit et ce n’est que dans les terrains plus ordinaires que l’affinité mutuelle du cépage sujet au cépage greffon prend une grande importance. Malheureusement, on ne peut encore rien énoncer de précis sur une question encore très incomplètement étudiée.

Comment calculera-t-on la quantité d’engrais que doit recevoir à chaque fumure périodique une vigne bien soignée pour être convenablement alimentée ? Le procédé est bien simple… sur le papier du moins. On calcule le poids des sarmens coupés en hiver, celui des feuilles à moitié desséchées dont « l’automne aura jonché la terre ; » on apprécie également, ce qui est beaucoup plus aisé, la quantité de vin, de marc, de Ue obtenue. Comme la composition chimique de chacun de ces organes détachés, de chacun de ces produits utilisés, est parfaitement connue, des agronomes comme M. Mares, puis M. Müntz, ont pu se rendre compte du poids exact de l’azote, de l’acide phosphorique, de la potasse, arraché à la plantation, et par suite indiquer la dose nécessaire d’azote, d’acide phosphorique, de potasse que l’engrais chimique ou le fumier de ferme doit annuellement restituer au vignoble étudié. Il convient même de ne pas être avare d’élémens fertilisans et de rendre au végétal un peu plus qu’il n’a emprunté dans le sol. Nous devons avouer que les théories récentes de M. George Ville, si ingénieuses qu’elles soient, n’ont pas trouvé de partisans au sein du congrès. Tout le monde a été d’accord pour proclamer l’impérieuse nécessité