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Ici s’arrête de nouveau, mais cette fois définitivement, le journal du prince de Nassau durant ce voyage. Poussa-t-il jusqu’à Pultawa, comme il se l’était proposé, ou bien, pressé de regagner Varsovie d’où il était absent depuis près de six mois, — alors qu’en quittant la Pologne, il avait cru n’aller faire en Russie qu’une visite de cinq à six jours, — prit-il plus tôt congé de Catherine ? Aucune de ses lettres ne nous renseigne à cet égard. La première en date que l’on rencontrera dans la suite de sa correspondance est bien, il est vrai, par une curieuse coïncidence, écrite à Pultawa, mais à Pultawa cinq mois plus tard, le 5 novembre ; or, que d’événemens dans ces cinq mois !

Pour lui, il aura eu le temps d’aller à Varsovie, à Paris, à Madrid, et de revenir auprès de Potemkin au bord du Dnieper d’où, par Pultawa et Moscou, il a hâte de gagner Saint-Pétersbourg. Car ce qu’il va solliciter de l’impératrice, pleinement assuré maintenant de l’assentiment de la France, ce n’est plus seulement une lointaine espérance, mais bien l’honneur immédiat d’un commandement devant l’ennemi. La guerre, qu’il avait cru voir indéfiniment ajournée, est, en effet, déclarée et même commencée ; mais, — par un renversement des rôles bien inattendu qui prend la Russie au dépourvu et jette la perturbation dans notre politique, — déclarée et commencée… par la Turquie.


Mis D’ARAGON.