Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soutenu, dont est incapable l’homme toujours absorbé par l’impression présente.

En somme, les bonnes intentions tendent à dominer chez ce tempérament plus que les bonnes actions. Kant a encore raison de dire que le sanguin léger est un pécheur difficile à convertir : « Il se repentira vivement, mais ce repentir sera bientôt oublié. » Ce sera moins un remords de la volonté qu’un chagrin tout sensitif. Ces divers traits de physionomie sont donc reliés entre eux par un lien logique ; c’est partout la même qualité de sentiment spontané et rapide, expansif et diffusif, avec le même défaut de réflexion, de profondeur et de durée. Nous ne voulons pas dire que le sanguin soit fatalement voué à tous les défauts intellectuels et moraux que nous venons d’énumérer ; outre qu’on n’est jamais exclusivement sanguin, nous voulons simplement noter des dispositions instinctives qui, si elles ne sont pas contre-balancées par l’éducation, par une réaction constante de l’intelligence et de la volonté, feront verser l’individu du côté où il penche. C’est pour cela que nous parlons de « tempérament moral, » non de « caractère. » Le vrai caractère est œuvre d’intelligence et de volonté.


IV

Le second type de sensibilité est celui qui, tout en ressentant très vite une impression, réagit avec plus de durée et d’intensité, de manière à reprendre plus lentement son équilibre. Supposez un sang moins riche que celui du sanguin vif, avec un système nerveux très développé et peu de force musculaire. Vous avez le tempérament « nerveux. » Le mouvement intime de réintégration prédominera encore sur celui de dépense ; seulement, ce sera par l’effet non plus d’un trop-plein, mais d’un manque de vitalité. Ce qui caractérise le nerveux, c’est que la réintégration de ses nerfs, avec le retour à l’équilibre qui en est la suite, est trop lente, tandis que celle du sanguin est trop rapide. Chez le nerveux, qui est généralement un sanguin moins nourri et dont le ton vital est abaissé, le teint sera plus pâle, le sang étant moins riche. La physionomie sera expressive et mobile ; le sommeil léger, agité, peu réparateur. Les produits de désintégration, c’est-à-dire les pigmens, seront faibles et peu colorés ; de là, ordinairement, la blancheur de la peau, la couleur plutôt claire des yeux et des cheveux, qui d’ailleurs, selon Laycock, quand ils ne blanchissent pas vite, brunissent avec l’âge chez les nerveux actifs. Le cou sera plus généralement délicat et long, au lieu d’être gonflé par