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pour les différences considérables, et quand l’homme s’élève dans les airs, en ballon ou sur les montagnes, ou se dirige vers les lieux où la pression est naturellement ou artificiellement forte, il ressent certains effets qu’il convient de signaler. Les animaux ne sont pas moins sensibles aux différences de pressions barométriques : il est aisé de s’en assurer par l’expérience et par l’observation. Comme il n’est pas toujours très pratique de transporter ceux-ci dans les airs, ou de les emmener avec soi dans les scaphandres par exemple, ou dans les cloches à plongeur, pour étudier sur eux les effets de la diminution ou de l’accroissement de pression, effets qui se produisent aussi sur l’expérimentateur et sont de nature à rendre l’expérience inutile, on peut opérer dans le laboratoire, où, dans les appareils spéciaux imaginés à cet effet, on sait décomprimer l’air au degré que l’on veut, ou encore le comprimer dans des proportions qui déconcertent l’imagination, dans des proportions telles que ce gaz devient liquide, voire même solide. Ces appareils nous donnent le vide à peu près absolu, et des pressions de 800 ou 1,000 atmosphères, à notre volonté, et dans ces conditions il nous est facile de connaître l’influence de la pression atmosphérique sur la vie des êtres, et de vérifier les conclusions qui découlent des beaux travaux de Jourdanet et de Paul Bert, entre autres, sur cette question.

Un point à noter, dès le début, est le fait que tous les êtres terrestres ou aquatiques peuvent subir sans danger certaines variations de pression atmosphérique. L’homme, par exemple, travaille à un kilomètre sous terre sans que l’augmentation de pression offre d’inconvéniens, et s’élève à cinq ou six kilomètres dans les airs sans que la diminution de pression devienne nécessairement fatale. Il en est de même pour l’oiseau et la plupart des mammifères, et, d’autre part, le poisson des grandes profondeurs peut s’élever jusqu’à certains niveaux sans risquer de succomber aux accidens de la décompression, sans éclater comme il le fait quand il se rapproche trop de la surface. Mais il est certain aussi que, pour tous les êtres, il y a des limites de variation de pression qu’ils ne peuvent franchir impunément, et qu’en dehors de ces limites, qui varient quelque peu selon les espèces ou les groupes, tous les êtres meurent quand la pression est accrue ou diminuée au-delà de certaines proportions. Quel est le mécanisme de la mort dans ces deux cas ? Telle est la question qui se pose à nous. Prenons d’abord le cas de la diminution de pression : quels sont les symptômes observés ? Voici quatre cents ans déjà qu’une excellente description nous a été faite par le missionnaire jésuite, Acosta, des accidens qui accompagnent les ascensions dans les hautes