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500 millions de mètres cubes par jour, pour l’humanité tout entière ! Nos exigences en matière d’oxygène varient en ce sens que l’enfant et le vieillard en retiennent moins que l’adulte : celui-ci, par exemple, en absorbera 914 grammes par vingt-quatre heures, alors que l’enfant de huit ans se contente de 375 grammes. Diverses conditions exercent encore une influence notable : la vigueur, le sexe, la température extérieure, le repos ou le mouvement, augmentent ou diminuent, selon le cas, la consommation d’oxygène. Nous absorbons cet oxygène dans nos tissus, et la majeure partie parvient à ceux-ci par le poumon et le sang, bien que notre peau, elle aussi, en absorbe un peu (1/80 de ce que prennent les poumons). Tous les tissus vivans ont besoin d’oxygène : tous respirent. Car il ne faut pas oublier que le poumon n’est qu’un instrument de la respiration ; le travail chimique qui constitue essentiellement celle-ci se fait ailleurs, dans les tissus mêmes. Le poumon n’est, — contrairement à l’opinion qu’eurent les physiologistes du siècle dernier, et Lavoisier lui-même, — que la porte par laquelle pénètre le gaz vital. La respiration consiste en une opération essentiellement chimique ; l’oxygène de l’air passe à travers les parois des capillaires extrêmement minces du poumon, et trouve dans les globules rouges du sang une substance (hémoglobine) qui s’en empare en vertu de ses affinités chimiques, et va le porter dans toutes les parties de l’organisme, pour subvenir aux opérations chimiques, aux oxydations en particulier, dont s’accompagne la vie des cellules et des tissus ou organes qu’elles composent, et qui se traduisent par la formation d’acide carbonique (formé d’oxygène de l’air et de carbone pris aux tissus). Le sang n’est donc qu’un véhicule : il apporte aux tissus l’oxygène dont ils ont besoin, et en emporte l’acide carbonique qui, s’il s’accumulait en eux, les frapperait bientôt de mort. Commune à tous les animaux, la respiration présente chez eux une activité très variable ; l’intensité en est plus grande chez l’oiseau que chez le mammifère, plus grande chez le mammifère que chez le reptile ou le mollusque, et d’ailleurs l’animal actif consomme plus d’oxygène que l’animal lent, ou plongé dans le sommeil, la léthargie ou l’hibernation. Mais tous les animaux respirent, tous ont besoin d’oxygène ; si ce gaz leur fait défaut, ils meurent.

Il en est de même pour les végétaux. Sans doute, par leur nutrition, ils exhalent de l’oxygène ; mais par leur respiration ils en absorbent, comme l’a signalé Priestley. Ici encore l’intensité de la fonction peut varier. La plante demande beaucoup d’oxygène pendant la germination, et c’est pourquoi nombre de graines ne peuvent germer sous l’eau où l’apport d’oxygène est insuffisant, ou dans un sol compact où l’air ne pénètre que difficilement. Telle