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en carbone qui se fixe dans leurs tissus, et en oxygène qu’elles restituent à l’atmosphère ; les plantes sont surtout productrices d’oxygène.

Puis, les animaux à squelette ou à carapace calcaire, — et ce sont la majorité, — comme les coquillages, les coraux, presque tous les animaux marins et terrestres, dans des proportions variables, qui fixent le carbonate de chaux, combinaison de chaux et d’acide carbonique, combinaison qui, après leur mort, persiste sous la forme d’ossemens ou de squelettes calcaires. Voyez en effet les récifs de madréporaires ou de coralliaires en général ; mesurez les couches calcaires d’une épaisseur parfois prodigieuse, qui se trouvent dans tous les terrains géologiques, et qui sont, pour la grande partie, généralement composés de débris agglomérés d’animaux, si bien que Van Dechen a pu calculer que les couches calcaires du terrain carbonifère renferment à elles seules six fois plus de carbone que ne le lait l’atmosphère actuellement, — fait qui a suggéré à Sterry Hunt, le géologue américain, l’idée qu’il doit exister quelque autre source d’acide carbonique, qui serait l’espace interstellaire. Si bien encore, qu’à supposer libéré dans l’atmosphère tout l’acide carbonique fixé dans les roches carbonatées, celle-ci acquerrait une pression telle qu’une grande partie s’en liquéfierait, et même se solidifierait aussitôt (Stanislas Meunier). La mer, enfin, joue un rôle d’absorption et de régulation des plus intéressans et, par-là, empêche l’acide carbonique de s’accumuler dans l’atmosphère au-delà de certaines limites. Les beaux travaux de M. Schlœsing ont montré, en effet, que l’eau de mer tient en dissolution une grande quantité d’acide carbonique, beaucoup plus que n’en renferme l’atmosphère. Si l’acide carbonique augmente dans l’air, par le fait d’une production supérieure à la destruction opérée par les plantes et les animaux, une partie va s’en dissoudre dans l’eau de mer et se fixer sur le carbonate neutre de chaux insoluble que renferme toujours cette dernière, d’où la production d’un bicarbonate soluble qui se dissout dans l’eau. Et inversement, si la quantité d’acide carbonique diminue dans l’atmosphère, le bicarbonate soluble se décompose en carbonate neutre qui reste dans la mer, et en acide carbonique qui pénètre dans l’atmosphère. En un mot, quand il y a égalité de tension entre l’acide carbonique de l’atmosphère et l’acide de l’eau de mer, rien ne se produit : dès que l’équilibre de tension est détruit, la mer en opère, par ce processus chimique très simple, le rétablissement. Ajoutons que cette équilibration incessamment opérée est rendue possible surtout par le fait que la mer renferme une quantité d’acide carbonique de beaucoup supérieure à celle que renferme l’atmosphère. M. Schlœsing estime que la première en contient