Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

carbonique et moins de 16 pour 100 d’oxygène, — ce sont les proportions de l’air expiré, — devient promptement mortel. Nous aurons à revenir plus loin sur ce point, en parlant des relations de l’acide carbonique avec la vie, et il nous suffira ici d’indiquer à quel point la proportion de l’acide carbonique peut devenir considérable dans un milieu confiné, et combien les variations en sont plus grandes que celles de l’oxygène et de l’azote.

Ces variations tiennent à celles qui existent dans le taux de production de ce gaz, et nous avons sur ce point des connaissances relativement étendues. L’acide carbonique a en effet des origines nombreuses. Nous en avons indiqué une en passant : l’homme et les animaux. Tous les animaux, ou mieux, tous les êtres vivans sont des producteurs d’acide carbonique. Tous respirent en effet, bien qu’avec une intensité variable, et la respiration, au point de vue chimique, c’est la combinaison d’une certaine quantité de carbone du corps avec une autre quantité de l’oxygène de l’air ; c’est la production d’acide carbonique qui est expulsée par le poumon. Cette création constante d’acide carbonique par l’être vivant, par l’animal, et par la plante qui respire comme l’animal, cette création varie d’intensité assurément, et on sait que chez la même espèce d’animal, par exemple, le mâle est plus gros producteur que la femelle, l’adulte, que le très jeune ouïe très vieux ; le fort que le faible, etc. Chacun sait encore que cette production est accrue par l’exercice, le mouvement, la lumière solaire, l’alimentation, diminuée par le repos, l’obscurité, l’inanition. On peut dire qu’en moyenne, l’homme en exhale 20 litres par heure, soit près d’un kilogramme d’acide carbonique par 24 heures. Le mouton en produit plus, et le taureau en exhale jusqu’à 7 et 8 kilogrammes dans les mêmes conditions. Toutefois, pour bien apprécier le taux de production de l’acide carbonique par les animaux, il convient de la chiffrer autrement, et de la rapporter à une unité constante qui est le kilogramme de poids d’animal : on rapporte alors la quantité totale produite au nombre de kilogrammes de l’animal, et on dit que le kilogramme de cheval, de bœuf ou de canard produit telle quantité d’acide par 24 heures. En opérant ainsi, on voit que ce sont les oiseaux qui produisent le plus d’acide carbonique. Un kilogramme de bœuf excrète de 3 à 7 grammes de carbone par 24 heures ; un kilogramme de dinde ou de poule en produit 20 grammes environ ; un kilogramme de poussins, 56 grammes, et de moineaux, près de 60 grammes. Ces faits ne peuvent nous surprendre : l’activité respiratoire des oiseaux est très grande, en effet, et la production d’acide carbonique est nécessairement considérable.