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d’oxygène et un peu moins d’azote, alors que dans les hauteurs de l’atmosphère la situation serait renversée, l’azote étant plus abondant, et l’oxygène plus rare, de telle sorte qu’à 10 kilomètres d’altitude, par exemple, il n’y aurait que 184 volumes d’oxygène pour 816 volumes d’azote. Mais l’analyse directe, faite par Thénard, d’air recueilli à 7,000 mètres d’altitude, par Gay-Lussac, et les expériences de Dumas et Boussingault, faites au moyen de la méthode des pesées, ont montré que ces vues de l’esprit ne répondent point à la réalité des faits. On peut dire que la composition de l’air est uniforme et constante au point de vue de l’oxygène et de l’azote, à quelques très petites différences près.

Étudiant la teneur de l’air en oxygène selon le temps, à des altitudes et en des lieux différens, à des époques distantes, Dumas et Boussingault ont obtenu des chiffres sensiblement identiques, dont les légères différences se trouvent dans les limites des erreurs inévitables de l’expérience. D’autres chimistes, Brunner, Regnault, Reiset, Doyère, Bunsen, par des méthodes variées, sont arrivés à la même conclusion, qui par-là se trouve solidement établie.

Et maintenant, d’où provient cet oxygène de l’air ? Quelles en sont les sources ? C’est une question qu’il est permis de se poser en présence de ces deux faits : la permanence de la proportion où ce gaz se trouve dans l’air, et l’énorme consommation qui en est faite par les êtres vivans et les combustions.

Nous savons que l’air en renferme plus de 1 million de milliards de kilogrammes, qu’il constitue près de la moitié du poids des minerais du globe ; que l’eau en contient les 8/9e de son poids, et qu’il abonde dans les tissus de tous les êtres vivans. Nous ne connaissons actuellement, toutefois, qu’une source d’oxygène, découverte par Priestley, expliquée par Perceval et Senebier : je veux parler des plantes. On sait en effet que les végétaux ont la propriété, grâce à leur chlorophylle, de décomposer l’acide carbonique en ses élémens, en carbone qui se fixe dans les tissus, et en oxygène qui, devenu libre, se répand dans l’atmosphère. Sans doute, nombre de réactions chimiques donnent naissance à un dégagement d’oxygène, telles que l’électrolyse de l’eau, la décomposition du chlorate de potasse ou de l’acide sulfurique par la chaleur ; mais est-il de ces réactions ou d’autres, qui se fassent naturellement et permettent le dégagement de ce gaz dans l’atmosphère ? Nous ne savons. Mais du moment où la composition de l’air reste réellement constante, il y a quelque processus par lequel la masse énorme d’oxygène, absorbée par les combustions organiques et inorganiques de chaque seconde en tout point du globe, est tôt ou tard restituée à l’atmosphère. Les plantes peuvent-elles