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taille moyenne supporte de ce chef un poids de quelques milliers de kilogrammes. Elle renferme de la vapeur d’eau, elle tient en suspension des poussières, elle est agitée de mouvemens nombreux, et chacun de ces élémens joue un rôle dans la vie.

Au point de vue chimique, l’air est composé d’élémens divers. Ce n’est point un corps simple, comme on l’a cru jusqu’à la fin du siècle dernier, c’est un mélange de corps gazeux, susceptibles d’être isolés et analysés. Un mélange et non une combinaison, car la réunion des élémens se fait sans phénomènes électriques ou thermiques ; un mélange où les proportions des parties peuvent être considérées comme sensiblement constantes.

Parmi ces élémens, il en est trois qui sont prépondérans par la quantité ou par l’importance physiologique : j’ai nommé l’oxygène, l’azote et l’acide carbonique. D’où viennent ces élémens, dans quelle proportion existent-ils, quel est leur sort ? Ces questions ne sont point déplacées ici. Étudiant les relations de l’atmosphère avec l’être vivant, nous devons considérer l’influence de la première sur le dernier, mais nous devons aussi considérer l’influence des organismes sur l’air, et c’est surtout d’elles que nous avons à parler dans l’étude rapide des questions qui viennent de se poser.


I

L’oxygène a été découvert par Priestley et Scheele, en 1774. Peu de temps après, — et sur ce point nos lecteurs ne sauraient mieux faire que de se reporter au beau livre de M. Berthelot sur la Révolution chimique, et sur Lavoisier, — des expériences très simples prouvèrent à Lavoisier que l’oxygène est un des élémens constituans de l’air, et que ce dernier est un corps composé, un mélange de gaz. Le nom même d’oxygène fut créé par Lavoisier, et sa découverte fut le point de départ d’une révolution dans la chimie et la physiologie, d’une ère féconde en résultats admirables.

L’oxygène est un gaz plus lourd que l’ensemble de l’air, éminemment favorable à la combustion et à la respiration, c’est-à-dire aux oxydations. Dans 1,000 litres d’air, il y a 208 litres d’oxygène et 792 litres d’azote. Ce résultat a été obtenu par les méthodes nombreuses et très précises dont dispose actuellement la chimie, et grâce à ces méthodes on a pu rechercher dans quelle mesure la proportion d’oxygène est constante. Ces recherches étaient nécessaires, car certains chimistes, Dalton et Babinet entre autres, ont pensé, en se guidant sur des raisons théoriques, que l’air devient d’autant plus pauvre en oxygène qu’il occupe des régions plus élevées ; qu’à la surface du sol il doit y avoir un peu plus