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Ainsi, de ce côté, une solution paraissait imminente, et le public l’escomptait d’avance. Le même espoir s’attachait à la question des tarifs de marchandises, car dans les sessions précédentes, sur la demande réitérée d’un certain nombre de députés tels que MM. Schrader, Broëmel, Simon, Hammacher, etc., le ministre avait affirmé que son administration ne perdait pas cette question de vue, que d’importantes réformes étaient à l’étude et qu’elles seraient bientôt soumises à l’agrément de la chambre. Après quatorze ans d’attente, les promesses de 1879 allaient-elles être enfin réalisées ? L’année 1892 ouvrirait-elle définitivement l’ère de ces vastes réformes à l’état de projet depuis si longtemps ? Il ne devait pas en être ainsi, et au moment même où l’on croyait toucher au but, l’attitude de l’administration changeait complètement et de manière à dissiper toute illusion.

En effet, dans la séance du 21 janvier 1892, le ministre des travaux publics, M. de Thielen, rendant compte à la tribune des résultats obtenus sur le réseau des chemins de fer de l’État pendant l’année 1890-91, après avoir constaté la légère diminution des recettes et l’augmentation sensible des dépenses survenues dans cet exercice, s’exprima ainsi :

« La situation actuelle met l’administration dans l’obligation d’observer une prudente réserve dans l’étude et la solution des questions de transports, tout autant qu’elles sont liées à une diminution de recettes ou à une augmentation de dépenses, voire même aux deux à la fois. Dans cet ordre d’idées rentrent, à mon grand regret, les importantes réformes des tarifs de voyageurs et de marchandises qui étaient en préparation.

« La réforme du tarif des voyageurs a été prônée dans ces derniers temps avec une telle ardeur dans la presse comme dans les assemblées publiques, que l’on aurait pu croire que la première manifestation de la sagesse de l’État dût consister à faire immédiatement cette réforme. Je ne suis pas convaincu qu’elle soit tellement urgente, qu’elle doive être appliquée sans délai