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Comme on vient de le voir, le but poursuivi dans cette réforme a été exclusivement la simplification et l’uniformisation des tarifs. Quant à la réduction des prix, elle n’a pas été en question : les compagnies n’y avaient aucun intérêt et le gouvernement ne songeait pas à leur imposer un sacrifice de ce genre[1]. Mais on peut se demander si en fait les nouveaux tarifs se sont traduits dans leur application par un relèvement ou une diminution de l’ensemble des prix de transport. À vrai dire, il est assez difficile de s’en rendre compte, étant données la diversité des anciens tarifs et la différence existant au point de vue de la forme entre l’ancien et le nouveau système. D’après la façon même dont s’est accomplie la transformation, d’accord entre toutes les administrations intéressées, il est à peu près certain qu’elle a constitué une sorte de cote mal taillée entre les différens prix existant auparavant.

Les expéditions de détail ont été très défavorablement traitées : les anciens tarifs pour cette catégorie de marchandises étaient le plus généralement de 13 pf. 3, 10 pf. 67 et 8 pfennings suivant la classification : la substitution à ces taxes d’un prix unique de 11 pfennings a donc eu pour effet un relèvement sensible dans la plupart des cas, d’autant plus qu’en même temps les frais de manutention ont été plus que doublés. En ce qui concerne les taxes des wagons complets, il ne paraît pas que dans leur ensemble elles aient été diminuées ; c’est, du moins, ce qui semble résulter de la comparaison suivante tirée de la statistique des chemins de fer de l’État prussien.

RECETTE MOYENNE PAR TONNE KILOMÉTRIQUE EN


1875 1876 1878 1880 1882
Expéditions de 5 tonnes. 4 pf. 59 4 pf. 71 5 pf. 47 6 pf. 40 6 pf. 41
— de 10 tonnes. 3 pf. 17 3 pf. 07 3 pf. 36 3 pf. 60 3 pf. 25

Mais le nouveau mode de tarification, en accentuant considérablement la différence de traitement entre les expéditions de détail et les chargemens complets, et en n’accordant de prix modérés qu’à ces derniers, a obligé en quelque sorte le public à ne remettre au chemin de fer que des charges complètes, soit en arrangeant ses expéditions en conséquence, soit en s’adressant à l’intermédiaire des groupeurs de profession. C’est là le véritable effet de la réforme, et il apparaît nettement dans le tableau suivant, qui

  1. Au contraire, par deux décisions en date des 11 juin 1874 et 13 février 1875, le Bundesrath avait autorisé un relèvement des tarifs de 20 pour 100, en y mettant comme condition que les administrations de chemins de fer adopteraient un système de tarification uniforme sur les bases générales qui leur avaient été indiquées.