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cherche à étudier, et il peut être regrettable, dans telle condition, de ne pas employer une méthode perfectionnée, comme il peut être absolument ridicule de l’employer dans d’autres circonstances.

La légitimité de la psychologie descriptive tient à ceci qu’elle porte sur des phénomènes spontanés, qu’il faut recueillir dans la forme naturelle où ils se présentent, et qui périraient s’ils étaient soumis aux violences de l’expérimentation. Ces faits spontanés si curieux à connaître, si utiles à noter, ils nous entourent, ils sont partout. Qu’on étudie, par exemple, les méthodes de travail des auteurs dramatiques et des compositeurs de musique, ou la mémoire des joueurs d’échecs qui jouent sans voir, il est clair que ces études ne peuvent se faire que par l’observation. La psychologie descriptive est donc, avant tout, la psychologie des interrogations, des questionnaires et des enquêtes.

Les communications sur la psychologie descriptive ont été nombreuses au congrès ; M. Bain, un des plus illustres représentans de la théorie anglaise de l’association, a montré les relations nécessaires de la psychologie ancienne avec la nouvelle ; M. Richet a envisagé les voies nouvelles où la psychologie scientifique doit s’engager ; M. Beaunis a fait lire un questionnaire de psychologie qui embrasse tout l’individu physique et mental ; M. Newbold a décrit les formes élémentaires de l’état de croyance, en étudiant la croyance qui accompagne une perception actuelle ; M. Baldwin a comparé l’imitation involontaire à l’imitation volontaire, et montré la complexité de cette dernière ; M. Lange, d’Odessa, a établi plusieurs étapes dans le phénomène, si simple en apparence, qui se produit lorsque nous percevons un objet extérieur ; M. Preyer a cherché dans la musique l’origine de la notion des nombres ; enfin, M. Sidgwick et M. Marillier ont rendu compte d’une enquête sur les hallucinations.

Nous ne voulons, de toutes ces observations, en retenir que deux, parce qu’elles se prêtent à des considérations générales sur la valeur de la psychologie descriptive, comme méthode d’information. L’une de ces communications est de M. Ribot, l’autre de M. Gruber.

M. Ribot a fait, il y a quelque temps, une enquête sur les idées générales, et il a envoyé au congrès un résumé succinct de ses principaux résultats. Cette étude très intéressante est venue compléter sur un point important la théorie des images mentales, à laquelle la psychologie française a si largement contribué dans ces dernières années. On sait, — pour ne rappeler les faits qu’en gros, — comment on a étudié la nature des idées concrètes, c’est-à-dire des images, et leurs rapports avec la sensation ; on est arrivé à