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Decazes (20 janvier 1874) : — « Entretenir sans arrière-pensée, avec l’Italie, telle que les circonstances l’ont faite, les relations de bonne harmonie, les relations pacifiques et amicales que nous commandent les intérêts généraux de la France et qui peuvent aussi nous permettre de sauvegarder les grands intérêts moraux dont nous nous préoccupons à juste titre, voilà toute notre politique en Italie. »

La constitution de 1875 assoit et organise la république : les élections du 30 janvier et du 20 février 1876 assurent la prépondérance à une majorité libérale. M. Tirard et M. Madier de Montjau proposent pour la première fois la suppression de l’ambassade de France près le saint-siège. Gambetta, président de la commission du budget, est amené à la tribune : — « Il ne faut pas, s’écrie-t-il, qu’au-delà des monts on puisse penser, comme certains écrivains ont cherché à le faire croire, que le maintien de l’ambassade de France auprès du saint-siège s’inspire, en quoi que ce soit, d’une passion religieuse ou d’une passion hostile à un degré quelconque à l’unité du royaume italien[1]. » — De son côté, M. Jules Simon, président du conseil, fait, en plusieurs occasions, des déclarations analogues. Le 16 mai arrive, le duc Decazes reste au quai d’Orsay et le message aux chambres porte ceci : — « En fait de politique étrangère, le nouveau ministère pense exactement comme l’ancien. » — Sur les attaques de Gambetta, sur cette invective : — « Le patriotisme consiste à tenir la France à l’abri des expéditions de Rome, car c’est par des expéditions de Rome qu’on perd, à vingt ans de distance, l’Alsace et la Lorraine, » le même duc Decazes répondait : « En deux mots nous avons été, nous restons les amis sincères de l’Italie, et nous ne laisserons échapper aucune occasion de le prouver. »

Je ne crois pas que ce soit la peine d’aller plus loin, ni d’accumuler d’autres textes. Mais ces dispositions, ces intentions, ces volontés pacifiques du gouvernement français, communes à tous les ministères de droite ou de gauche, cléricaux ou libéraux, est-ce que le gouvernement italien en doutait ? Ni en 1873, ni en 1877, aucun ministre italien (et Dieu sait si la gauche, particulièrement M. Miceli, a interpellé là-dessus tous les cabinets qui se sont succédé ! ), ni M. Visconti-Venosta, ni M. Melegari, ni M. Minghetti, ni M. Depretis, n’est venu dire tout haut qu’il en doutât.

C’est le contraire qu’ils ont toujours dit. M. Visconti-Venosta (14 mai 1872) : — a L’honorable Miceli m’a demandé catégoriquement : — Quelles sont nos relations avec la France ? — Eh bien, je réponds catégoriquement aussi que nos rapports avec la France

  1. 11 novembre 1876.