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quelques idées de progrès. Des plans de travaux publics furent ébauchés, et le chemin de fer de la Vera-Cruz fut commencé. Il ne devait être terminé qu’en 1873. La catastrophe qui termina l’intervention put bien retarder le progrès : elle n’empêcha pas les Mexicains de le connaître et de le souhaiter. Le grand mérite de Porfirio Diaz est de s’y être donné tout entier et de s’être rendu compte que les chemins de fer seuls pouvaient civiliser sa patrie.

Aujourd’hui, le Mexique a près de 11,000 kilomètres de chemins de fer. Trois lignes relient la capitale aux États-Unis, en parcourant dans toute sa longueur l’immense plateau qui va de Santa-Fé dans le Nouveau-Mexique à l’isthme de Panama, et qui s’étend aux pieds de la Sierra-Madre à une altitude moyenne de 2,000 à 3,000 mètres. Une succession de cols au milieu de cirques de montagnes a rendu relativement facile l’établissement de ces voies longitudinales. Elles font franchir en soixante heures le grand désert du Nord, que l’on mettait autrefois un mois à traverser avec beaucoup de souffrances et même de périls. Ce sont le Central ferrocarril, qui n’a pas moins de 1,797 kilomètres d’El-Paso-del-Norte à Mexico, l’International, qui va de Mexico à Eagle-Pass en empruntant jusqu’à Torreon la voie du Central, le National mexicano, ligne à voie étroite (0,914) de 1,348 kilomètres qui relie Mexico à la Nouvelle-Orléans, à Saint-Louis et à New-York, en passant par San-Luis de Potosi, Monterey et Laredo. On peut, par cette voie, aller de Mexico à New-York en cinq jours et cinq nuits. Au nord, une ligne, qui traverse la Sonora et va aboutir au port de Guaymas, sur le Pacifique, met en communication une partie très riche de ce territoire avec le système du Texas and Pacific Railway, un des plus importans chemins de fer des États-Unis.

Plusieurs lignes transversales descendent le formidable escarpement qui sépare le plateau central des plaines basses où règnent les riches cultures tropicales, où poussent les puissantes forêts de bois d’ébénisterie. Mexico, San-Luis de Potosi, Monterey, sont ainsi en communication avec la Vera-Cruz et avec le port de Tampico qui est appelé, dit-on, à la supplanter à cause de sa proximité plus grande de la Nouvelle-Orléans et surtout parce qu’il est moins exposé à la fièvre jaune. Avant tout, le Mexique devait s’ouvrir des fenêtres sur l’Europe ; maintenant il veut relier les deux océans. On construit actuellement un chemin de fer de Mexico à Tehuantepec sur le Pacifique, qui traversera les parties les plus belles du pays. Il continuera la ligne de la Vera-Cruz, et sera pour les voyageurs allant d’Europe en Australie la voie la plus économique et la plus agréable. Avec ses embranchemens