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toujours fâcheux des finances. La situation de la Banque d’Espagne ne s’aggrave, ni ne s’améliore ; le change est à peu près immobile à 18 pour 100. Quant à la dette flottante, elle ne cesse de s’accroître. En janvier, elle a été portée de 245 à 278 millions de pesetas. L’augmentation depuis le 1er juillet 1892, commencement de l’exercice, a été de 110 millions, dont 50 millions représentés par les avances de la Banque de Paris et des Pays-Bas et 60 par l’émission de pagarès du Trésor. Le montant ci-dessus indiqué de la dette flottante ne comprend pas les avances de la Compagnie fermière des tabacs et de la Banque d’Espagne, et ne contient que pour partie le déficit de l’exercice en cours. Les élections pour le renouvellement des Cortès vont avoir lieu en mars et la chambre se réunira en avril. Alors seulement M. Gamazo, ministre des finances, fera connaître, autrement que par des déclarations vagues et générales, à quelles mesures il compte recourir pour triompher des embarras financiers au milieu desquels se débat vainement depuis plusieurs années le gouvernement espagnol.

Les porteurs de rente portugaise ont pu craindre un moment une réduction nouvelle sur l’intérêt servi à la dette extérieure. La commission voulait que le Portugal, au lieu de s’engager à payer, comme il le fait actuellement, 33 pour 100 du montant nominal des coupons, ne promît plus que 25 pour 100. Le ministre des finances a vivement combattu ce dessein, propre à ruiner le peu de crédit que conserve le royaume, et son insistance a eu gain de cause ; la commission s’est ralliée au principe de la réduction à 33 pour 100, mais de nouveaux impôts doivent être établis, si l’on veut que le service régulier du tiers de l’intérêt soit à peu près assuré.

Le Crédit foncier, porté à 1,000 francs par les rachats des vendeurs à découvert, a fléchi de nouveau à 970, mais pour remonter en une seule Bourse à 995 francs. Le conseil d’administration, sur la proposition du gouverneur, a décidé que les actionnaires, dans leur prochaine assemblée, seraient invités à confirmer la fixation à 50 francs du dividende pour l’exercice 1892. On ne peut qu’approuver la pensée qui a inspiré cette résolution. En présence de critiques constamment renouvelées contre la situation de ce grand établissement, il a paru que l’intérêt social commandait de fortifier les réserves dans la plus large mesure. Il sera donc prélevé sur les bénéfices de l’exercice une somme de 2,279,473 francs, qui, jointe à un autre prélèvement de 7,068,474 francs sur les réserves diverses, sera versée au compte des provisions pour l’amortissement des emprunts et portera ce compte de 91 millions à plus de 100 millions. Le sacrifice que vont faire les actionnaires en consentant à fixer le dividende à 50 francs sera compensé par le surcroît de sécurité donné au fonctionnement de la société dans le présent et l’avenir. Les 100 millions qui, dès l’exercice en cours, vont figurer au compte des provisions pour l’amortissement