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d’assez nombreux documens archéologiques qui y sont relatifs. Mais on en sait encore bien peu de choses comparativement à ce qui reste à en apprendre, et c’est là un champ d’études des moins explorés et des plus curieux. Nous ferons grâce ici à nos lecteurs de tout aperçu sur les résultats de nos recherches personnelles dans cette matière aride et un peu trop spéciale.

Indépendamment des principaux monumens qui viennent d’être énumérés, et qui forment le noyau même de la ville de Samarkande, il y en a d’autres qui remontent également à l’époque timouride et qui alors étaient probablement à l’intérieur de l’enceinte, mais qui sont aujourd’hui épars dans les faubourgs, en dehors des limites de la ville actuelle. Quelques-uns même sont dispersés dans l’oasis, loin de tout centre de population, et c’est seulement lorsqu’on en est tout près qu’on les découvre au milieu des arbres où ils sont enfouis.

Parmi ceux qui ont dû être englobés dans l’ancienne enceinte, mais qui aujourd’hui sont plus ou moins isolés des habitations, les plus remarquables sont la mosquée de Zemret-Khodja, le mausolée de Khodja-ben-Khaddra, le médressé d’Ichrak-Khaneh et celui de Khodja-Akhrar. Enfin, à dix kilomètres environ du centre de la ville, dans l’oasis, se trouve le médressé de Timour-Malik, l’un des plus intéressans au point de vue architectural, qui vient tout récemment, paraît-il, depuis ma dernière visite, d’être renversé par un tremblement de terre. Tous ces monumens sont construits sur un plan absolument identique, dans son ensemble, à celui que nous avons décrit pour les médressés du Reghistan. Ils ne diffèrent que par leurs dimensions, par les détails de leur ornementation et par la forme des dômes qui surmontent généralement la principale chapelle de chacun d’eux. Quelques-uns de ces monumens sont vraiment remarquables par l’harmonie de leurs proportions. Le dôme de celui d’Ichrak-Khaneh présente un mode d’ornementation qui lui est spécial : il consiste en inscriptions dessinées en relief sur la paroi de la coupole par les briques de l’appareil même.

Dans le médressé de Khodja-Akhrar a été conservée, jusqu’à la conquête russe, une relique célèbre dans tout l’Islam : c’est le fameux Coran du khalife Othman, écrit par lui-même et taché de son sang. On sait comment périt Othman, troisième successeur de Mahomet, après avoir porté à un haut point, par les conquêtes de ses lieutenans en Asie et en Afrique, la puissance de l’Islam. Nous ne pouvons entreprendre de rappeler ici, même à grands traits, les détails de cette épopée, grandiose et sanglante, qui remplit les premières années de la réforme musulmane et dont la mort d’Othman