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NOTES DE VOYAGE
EN ASIE CENTRALE

SAMARKANDE


I. — ARRIVÉE A SAMARKANDE.

La première impression de tous ceux qui ont vu Samarkande, quelque préparés qu’ils aient pu être à son aspect par des descriptions antérieures, a été celle de la surprise et de l’éblouissement. Naguère encore cette grande ville, qui fut pendant tant de siècles la capitale de puissans empires, était absolument inconnue, si ce n’est de nom, du moins de fait, aux Européens. Jusqu’à l’époque de la conquête russe, qui ne remonte qu’à une vingtaine d’années, un voile épais dérobait, depuis la plus haute antiquité, le centre de l’Asie aux yeux des Occidentaux. Nos ancêtres ont, du reste, fort bien pu vivre sans se préoccuper de cette civilisation si avancée et si colossale, éclose si loin d’eux ; ils n’en ont même pas soupçonné l’importance.

Et si, pas plus au moyen âge que dans les temps modernes, le nom de Samarkande n’a été tout à fait inconnu en Europe, ceux des grandes villes voisines, dont plusieurs ont compté et comptent encore des centaines de milliers d’habitans, parvenus depuis longtemps à un haut degré de civilisation et même de culture