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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mouvement de reprise commencé le 8 janvier et dont nous avions pu constater, dès la fin de la seconde semaine du mois, les importans résultats sur l’ensemble de la cote, s’est largement développé durant les deux dernières semaines. Bien des circonstances l’ont favorisé, le sang-froid des porteurs de titres, l’abondance persistante des capitaux, la rapide reconstitution du ministère, le vote de confiance qu’il a (obtenu à l’occasion du débat sur les fonds secrets, l’abaissement de 3 à 2 1/2 pour 100 du taux de l’escompte par la Banque d’Angleterre, l’ouverture en Autriche-Hongrie et en Allemagne des émissions depuis si longtemps annoncées pour la conversion des anciennes dettes 5 pour 100 autrichiennes et hongroises, la fermeté constante des places étrangères.

Le vote de la loi élevant à 4 milliards de francs la limite maxima d’émission des billets de la Banque de France a mis fin à la situation étrange où s’était trouvé placé cet établissement par la nécessité d’effectuer ses paiemens exclusivement en espèces pendant plus d’une semaine. L’encaisse or a été diminuée, dans ce court espace de temps, de 150 millions de francs. En même temps, le remboursement des obligations de la Société générale algérienne et le paiement des coupons sur les deux rentes 3 pour 100 ont contraint le gouvernement à opérer un prélèvement d’une importance exceptionnelle sur son compte-courant à la Banque, et à offrir au public des bons du Trésor à quatre mois d’échéance, au taux de 2 pour 100 l’an. Ce dernier fait a passé inaperçu ; la Bourse ne s’en est point préoccupée. Achats au comptant et achats à terme ont porté la rente de 95.10 à 97.25.

La force du courant de hausse a paru alors quelque peu épuisée ; il s’est produit un assez vif retour à 96.30, mais les haussiers ont tenu bon contre les efforts du découvert débordé par une amélioration si rapide. Après plusieurs Bourses fort agitées et des fluctuations brusques de cours, le 3 pour 100 reste établi à quelques centimes au-dessous de 97, soit à 1 pour 100 environ plus haut que le dernier cours de compensation. Près de deux unités restent acquises à la hausse sur le cours coté le 13 courant. L’amortissable a gagné de même 1 fr. 60 à 97.70, le 4 1/2, 67 centimes à 106.67.

Du procès engagé contre les administrateurs du Panama, et des péripéties de l’instruction dirigée pour faits de corruption, la Bourse s’est désintéressée aussi complètement que possible. Une nouvelle crise