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« Il n’est pas nécessaire, dit-il, d’entrer dans une exposition détaillée du projet de M. le baron de Rivière pour reconnaître qu’un port de refuge dans le Bas-Rhône, en amont de l’écluse du canal Saint-Louis, serait d’une utilité fort contestable, si l’on vient à considérer qu’il existe sur la rive opposée de la baie de Fos tous les élémens d’un magnifique établissement maritime à la fois militaire et commercial.

« Il est de notoriété que le général Bonaparte, après le siège de Toulon, inspectant les côtes pour y organiser les moyens de défense, vint à Martigues et monta sur un mamelon dans le voisinage qui domine toute la contrée et d’où il put apercevoir d’un seul coup d’œil : à gauche, la mer, Berre et les collines qui l’entourent ; à ses pieds, la ville bâtie comme Venise au milieu des lagunes ; à droite, l’étang de Caronte, puis le port de Bouc, et son entrée dans le golfe de Fos ; enfin, au-delà de ce golfe, dans le lointain, les bouches marécageuses du Rhône. On assure que Napoléon dit que c’était là, à Martigues, que devaient être les principaux établissemens maritimes de la France dans la Méditerranée.

« C’est à cette visite que l’on attribue la construction du canal d’Arles à Bouc, qui fut commencé plus tard sous le consulat.

« Le service de la marine, le conseil-général des ponts et chaussées, ainsi que les comités de l’artillerie et des fortifications n’ont jamais manqué, chaque ois que l’occasion s’est présentée, de faire ressortir les avantages des travaux à entreprendre dans le port de Bouc pour le rendre praticable aux bâtimens du plus fort tirant d’eau, et dans l’étang de Caronte, afin d’en faciliter la traversée à ces bâtimens pour pénétrer dans l’étang de Berre, dont la nature a fait, en très grande partie, les frais de la transformation en un beau et vaste port pour toutes les marines.

« La ville de Marseille, dont les bassins, échelonnés le long de la côte, sont, en cas de guerre, tort exposés, a un puissant intérêt à la création de ce port qui deviendrait une annexe des siens et offrirait, en tout temps, une sécurité complète aux navires qui y stationnaient. »

M. Michel Chevalier répondit à l’honorable rapporteur « qu’il était évident que l’existence d’un refuge était nécessaire. »

M. le vice-amiral comte Bouët-Willaumez réclama la parole, parce qu’il se croyait appelé, plus que personne, à donner des explications sur la question, et il ajouta : « La pétition demande qu’il soit fait un port de refuge là où le canal Saint-Louis viendra communiquer avec ce même golfe de Fos ; mais nous avons tous fréquenté le golfe ! Le fond y est de sable mouvant, comme dans toutes les approches de ce littoral… On ne peut donc songer à y