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UN
AGENT SECRET DE L'ÉMIGRATION

LE COMTE D'ANTRAIGUES

Un Agent secret sous la Révolution et l’Empire ; le comte d’Antraigues, par M. Léonce Pingaud. Paris, 1893 ; Plon, Nourrit et C°.

L’été dernier, parlant ici de nos montagnes vivaroises, je disais comme elle est jolie, cette petite bourgade d’Antraigues, juchée sur sa pyramide de basalte, entre les torrens et les cratères éteints : j’évoquais le souvenir de l’insigne aventurier qui en fut le dernier seigneur. J’ignorais alors qu’une importante publication allait faire surgir le comte d’Antraigues, autant que sa vie tortueuse s’y prête, de cette pénombre de l’histoire où il a longtemps cheminé. La biographie rédigée par M. Pingaud paraîtra en même temps que ces pages ; elle a nécessité de longues recherches dans toutes les archives de l’Europe où s’était perdue la prose de l’infatigable agent secret. Les dépôts de Saint-Pétersbourg et de Moscou en avaient absorbé une bonne part ; il n’est que juste de marquer notre gratitude au principal collaborateur de l’érudit français, à l’homme d’État russe collectionneur et lettré que l’on serait tenté d’appeler le Milliard des émigrés, tant il est minutieusement informé sur les personnes et les choses de l’émigration. Nous lui devions déjà Mme de Coigny et les papiers de la Correspondance du comte de Vaudreuil ; il est pour beaucoup dans la résurrection de d’Antraigues.

Je louerai dans le livre de M. Pingaud la patience du labeur ; je