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grand établissement hypothécaire ont été reprises et développées dans des circulaires répandues partout à profusion. Le Crédit foncier peut et doit se défendre contre ces attaques, et il semble résolu à le faire. L’enquête ordonnée, il y a deux ans, par le gouvernement et effectuée par l’inspection des finances, a démontré que le Crédit foncier, à la condition de renforcer ses réserves et de se renfermer strictement dans la lettre des statuts pour ses prêts, doit se trouver dans une situation inattaquable. En réduisant son dividende à 55 francs pour 1892, le Crédit foncier atteste le souci de constituer de nouvelles réserves ; les mouvemens des prêts sont normaux ; rien donc, dans l’état actuel des choses, ne saurait justifier l’inquiétude chez les porteurs d’obligations foncières et communales. L’inspection des finances a déclaré elle-même que ces titres, qui circulent en France pour un montant de près de 3 milliards, étaient absolument gagés par la valeur correspondante des propriétés hypothéquées.

La Banque de France a détaché, pour le second semestre de 1892, un coupon de 60 francs qui a été regagné presque intégralement en deux séances de Bourse.

Les actions des grandes compagnies ont été en général offertes ; le Lyon a perdu 40 francs à 1,477.50 et le Nord à peu près autant à 1,870. Les Chemins étrangers ont été de même plus faibles. Le Suez a reculé de 28 francs à 2,630. En réalité, les grandes valeurs ont été surtout atteintes, soit que des porteurs de titres aient cru devoir alléger leurs portefeuilles, ou seulement que des spéculateurs aient saisi le prétexte de la faiblesse des rentes pour hasarder des ventes au crayon sur celles des valeurs de la cote que leurs prix très élevés exposent particulièrement à des surprises momentanées.

L’année 1892 a été, au point de vue de nos affaires intérieures, une des plus agitées de la dernière période décennale. Elle a vu se succéder les explosions de dynamite, la grève de Carmaux et ses péripéties extraordinaires, les incidens relatifs aux affaires du Panama. Elle a vu l’inauguration du nouveau régime économique, dont les tendances protectionnistes de la majorité parlementaire ont doté notre pays, ralentir toutes les transactions commerciales et frapper de langueur notre commerce d’exportation. Une réforme heureuse des tarifs de chemins de fer, qui constitue pour le public un dégrèvement d’une importance réelle, a été appliquée en avril dernier, et n’aurait peut-être entraîné, pour le Trésor, aucune charge appréciable, si le remplacement du régime des traités de commerce par celui du double tarif n’avait opposé un obstacle invincible au développement de l’activité des transports, en fermant à notre industrie un grand nombre de ses débouchés extérieurs.

Au dehors, les grands faits économiques de l’année ont été, après la