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sensiblement augmenté ; ce que l’on louait jadis 100 francs l’hectare trouvait maintenant, sans peine, preneur à 400 francs. Propriétaires et fermiers répondaient ainsi d’une façon péremptoire à ceux qui contestaient le bon effet des eaux d’égout, au point de vue du rendement des terres.

Les résultats constatés alors ont continué à recevoir du temps une constante consécration. L’emploi des eaux d’égout se fait sur près de 800 hectares. On voudrait en recevoir plus encore. La municipalité de Gennevilliers ne fait plus incarcérer ceux qui les distribuent. Elle demande au contraire, — et elle l’a obtenu par traité régulier, — que cette source de richesse reste pendant douze ans encore, sinon plus, assurée à ses habitans. Le nombre de ceux-ci augmente d’année en année ; ils étaient 2,000 en 1869 : ils sont aujourd’hui près de 5,000, leur santé est excellente, et leurs charrettes, en grand nombre, viennent chaque nuit apporter aux marchés de Paris fleurs, fruits, légumes et laitages, qui se vendent avec grand profit.

Savans, agronomes, ingénieurs, le déclarent : l’irrigation est aujourd’hui le seul procédé efficace d’épuration : c’est le seul qui puisse, répondant aux plaintes légitimes des riverains, délivrer la Seine du déplorable tribut qu’on l’oblige à recevoir. Mais l’œuvre est immense : Gennevilliers, où la surface irrigable atteindra difficilement 1,000 hectares, n’y saurait suffire. On s’en inquiétait dès 1874, au moment même où triomphait le principe de l’irrigation. C’est alors que pour la première fois on prononça le nom d’Achères.

Les fermes, tirés et bois compris sous la dénomination générale de Garennes d’Achères, forment l’extrémité nord de la forêt de Saint-Germain. Elles commencent à 2 kilomètres du château de Maisons, et s’étendent, limitées par la rive gauche de la Seine, sur toute la pointe de la presqu’île jusqu’à la route de Saint-Germain à Conflans. Leur borne à l’ouest est ainsi distante de 2 kilomètres du bourg d’Achères lui-même. L’altitude moyenne est de 30 mètres. Le déversement des eaux des drains dans la Seine est donc toujours assuré, même en cas d’inondation. Les terres consistent en alluvions reposant sur un calcaire très fissuré et peu consistant. Du fait même de cette constitution géologique elles se prêtent très bien à une abondante irrigation, tandis que, dans l’état actuel, elles sont plutôt regardées comme de qualité médiocre. Ce sont des biens domaniaux, et l’État n’en tire pas grand revenu.

On comptait d’abord pouvoir y disposer de 1,200 hectares. Mais il fallut en rabattre ; l’administration des forêts a revendiqué 300 hectares sous prétexte de futaies. On a dû aussi tenir compte, dans une certaine mesure, des frayeurs manifestées par le