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se réunit et reçut communication du résumé des vingt rapports qui avaient été rédigés. Il fut décidé cette fois, à l’unanimité, que « les première et troisième parties, mal subdivisées et entachées d’hérésies nombreuses, étaient à refaire complètement, que les deuxième et quatrième parties demandaient aussi à être essentiellement modifiées dans le fond et dans la forme. » Mais l’exécution de ce travail fut encore suspendue.

La diversité de l’enseignement dans les régimens étant toujours signalée, le ministre de la guerre chargea de nouveau le conseil d’administration de préparer un projet de théorie spéciale du manège académique pour les corps de troupes à cheval. Cette prescription inspira à un capitaine de l’école, M. Dupont, son ouvrage d’équitation intitulé : Elémens abrégés d’un cours d’équitation militaire ; puis, M. d’Elbée, capitaine-instructeur au 2e régiment de cuirassiers, publia une Progression nouvelle pour l’école du cavalier, dans laquelle il parle assez longuement des flexions de la mâchoire, de la tête et de l’encolure.

Enfin le comte d’Aure rédige le Cours d’équitation attendu depuis si longtemps ; un ordre ministériel du 7 janvier 1851 fit remplacer provisoirement l’ancien cours par le nouveau ; le commandant de l’école reçut en même temps l’ordre de demander à chacun de MM. les écuyers des rapports renfermant leurs observations sur cet ouvrage. Le procès-verbal de la délibération du conseil en date du 9 novembre 1851 dit textuellement : « Le conseil d’instruction de l’école de cavalerie, après avoir étudié le cours d’équitation de M. d’Aure, écuyer en chef, se joint avec empressement aux éloges que MM. les écuyers ont exprimés dans leurs rapports sur la valeur de cet ouvrage… Il reconnaît à l’unanimité qu’il doit être adopté immédiatement à l’école comme un cours d’instruction équestre propre à amener les plus heureux résultats dans l’enseignement de l’équitation. » Par décision du 9 avril 1853, ce cours fut adopté officiellement et enseigné à l’école de cavalerie et dans les corps de troupes à cheval.

En 1852, le comte de Montigny fut nommé, comme écuyer civil, à l’école de Saumur. M. de Montigny, élève du comte d’Aure, avait aussi étudié avec Baucher et avait passé plusieurs années en Autriche. Esprit observateur et très éclectique, il connaissait à fond les principes de l’école française, et savait s’assimiler tout ce qu’il jugeait bon dans toutes les méthodes. Précisément à cause de cela, on ne peut dire qu’il ait laissé lui-même une méthode bien personnelle ; mais il fut certainement l’homme de cheval le plus complet que la France ait jamais possédé, et le plus érudit. Alors que tous les autres furent, chacun dans son genre, des spécialistes, il connaissait, lui, l’équitation de manège, de chasse, de