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fondamental et auquel lui-même attache assez d’importance pour y consacrer une grande partie de son livre.

En voulant appliquer la mécanique à l’équitation, l’auteur a oublié parfois, comme beaucoup d’autres maîtres, que le cheval ne cède pas, comme un corps inerte, à l’impulsion qui lui est donnée par un autre corps, mais qu’étant un être vivant, sensible, il est mû, selon sa sensibilité propre, par les sensations qui lui viennent de son cavalier et de tous les objets environnans.

Le livre de Ducroc de Chabannes, que beaucoup d’écuyers militaires considèrent comme un des plus remarquables qui aient paru sur la matière, est à la fois diffus et incomplet ; l’auteur néglige de préciser les moyens à employer ; si, comme il le dit, « tous les procédés sont bons quand les cavaliers sont habiles, et si les leçons appuyées sur l’exemple sont plus profitables que les plus volumineux cahiers de commentaires et de théories scientifiques, » on ne saurait nier que les principes clairs et les méthodes bien écrites soient indispensables pour former des cavaliers habiles et surtout de bons professeurs.

En 1829, parut un nouveau Règlement de cavalerie.

Depuis 1825, une commission composée d’officiers-généraux avait été chargée de réviser l’ancienne Ordonnance. La commission avait reconnu dans son rapport que les principes de l’Ordonnance de l’an XIII étaient généralement bons, mais qu’il importait de la rendre plus simple et d’en coordonner les parties. En conséquence,.. on supprima l’exercice : Préparez-vous pour sauter à cheval ; la 1re et la 2e leçon n’en firent plus qu’une ; la 3e devint la seconde ; la 4e devint la troisième ; la 5e et la 6e furent remplacées par la quatrième.

En 1830, M. Aubert, ex-professeur écuyer de l’École d’état-major, publie son Traité raisonné d’équitation, d’après les principes de l’école française, dans lequel il déplore le délaissement de l’équitation et les progrès de l’anglomanie. Comme pour augmenter encore le désarroi de l’enseignement, on vit alors un écuyer de cirque, doué d’un très grand talent d’exécution, d’un tact équestre merveilleux et d’une intelligence très vive, mais qui, ne pouvant s’appuyer sur aucune tradition, prit le parti de les rejeter toutes, Baucher enfin, le fameux Baucher, se poser en réformateur de toutes les doctrines, ou plutôt en novateur aux yeux de qui rien du passé ne méritait de subsister. Les succès qu’il obtenait tous les soirs émerveillèrent des milliers de spectateurs et son imperturbable aplomb fit le reste. Une rivalité qui est restée célèbre s’éleva entre lui et le comte d’Aure, dernier représentant de l’école de Versailles, qui, dans un tout autre sens que Baucher, entrevoyait l’avenir de