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À l’époque de la fondation de l’établissement d’Aix, les élèves des Arts et Métiers, suivant leurs aptitudes, étaient déjà, comme aujourd’hui, répartis entre les quatre ateliers qui existent encore à Aix, comme à Angers et à Châlons : les tours et modèles, la fonderie, la forge et enfin l’ajustage. Chacun des ateliers fonctionne sous la responsabilité d’un chef assisté de sous-chefs et d’ouvriers.

Entrons dans celui des « tours et modèles, » d’aspect calme et paisible. Il emploie seulement une trentaine d’élèves, également recrutés dans les trois divisions, et ceux dont on a fait choix dès le début, après leur entrée à l’École, restent aux tours et modèles jusqu’à leur sortie définitive. Les pensionnaires des trois divisions travaillent dans une salle commune, mais chacune d’elles occupe une file distincte d’établis. L’enseignement y est à la fois purement manuel et technologique ; il exige une grande habitude du dessin et beaucoup d’intelligence de la part des nouveaux-venus. En somme, il s’agit d’habituer les jeunes gens, non-seulement à tous les travaux que comporte la menuiserie, mais à la confection des modèles en bois figurant des machines[1], modèles qui sont dressés d’après les épures de l’ingénieur, et qui, une fois reproduits par les élèves, sont définitivement exécutés en métal par les fondeurs et les ajusteurs. En première année, les « conscrits » débutent par des a assemblages, » dressent des modèles d’abord simples, puis un peu plus compliqués et travaillent seuls, sous la direction du contremaître, qui leur enseigne les trois mille huit cent quatre-vingts termes en usage dans la langue technologique, sans parler des indications relatives à l’outillage et à la conduite des ateliers.

En seconde division, les « pierrots » peuvent déjà exécuter des modèles assez complexes. On les initie à la marche et au rendement des machines-outils destinées à travailler le bois, machines qu’ils ont bien appris à connaître en première année, mais au seul point de vue pratique. On leur fait faire des planches à dessin, des caisses, des malles ; ils prêtent la main à leurs anciens de troisième année, de façon à s’initier, par degrés, à des œuvres plus délicates encore. Ils approfondissent la construction et l’emploi des outils de menuisier, apprennent leurs qualités, leurs défauts, les moyens d’y remédier. Dans cette intention, les sous-chefs sont tenus de faire de fréquentes conférences durant le travail. À défaut de

  1. Les modèles se font aussi en métal, en plâtre, en cire, mais plus rarement.