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LES PHOSPHATES DANS L’AGRICULTURE.

dans les autres, les tarifs sont assez réduits pour qu’on n’ait pas d’hésitation à s’adresser à eux. La nouvelle législation impose, d’ailleurs, aux négocians l’obligation d’indiquer sur leur facture la nature des engrais et leur teneur en principes fertilisans.

Ils ont ainsi à garantir l’authenticité du produit livré et s’exposent, dans le cas de fraudes et surtout de récidives de fraudes, à de sévères condamnations.

Il faut que le législateur ait été bien effrayé de l’étendue du mal et des conséquences funestes pour la prospérité nationale, des agissemens des commerçans malhonnêtes, pour avoir ainsi édicté la loi d’exception du 4 février 1888. Ces craintes n’étaient que trop justifiées, et en exerçant par cette loi une sorte de tutelle sur les agriculteurs, on leur a rendu un service dont les effets se font de plus en plus sentir. Sous son influence, le commerce se moralise graduellement et la confiance renaît chez le cultivateur assuré désormais d’une protection plus efficace contre les agissemens des fraudeurs.

Une autre garantie leur est donnée par l’institution des syndicats agricoles qui ont aujourd’hui pris une grande extension et dont le nombre augmente d’année en année, on pourrait presque dire de jour en jour. Il en existe à peu près dans tous les départemens, souvent même dans les chefs-lieux d’arrondissement ou de canton. Le rôle de ces syndicats, généralement dirigés par les agriculteurs les plus compétens de la région, consiste surtout à servir d’intermédiaires entre les négocians et les acheteurs. Le syndicat n’est autre chose qu’une association de cultivateurs formée en vue d’acheter en commun, de grouper les commandes, de manière à pouvoir s’adresser à des fournisseurs en gros et à obtenir ainsi, par la suppression des intermédiaires qui ruinent la petite culture, les prix les plus réduits. Aux administrateurs du syndicat incombe la mission de choisir les fournisseurs qui offrent les conditions les plus avantageuses, de prendre vis-à-vis d’eux toutes les garanties désirables, de faire contrôler par des analyses la qualité des livraisons et d’obtenir les tarifs de transport les plus réduits. Cette institution permet donc d’abaisser le prix des engrais et de supprimer la fraude. À ces deux titres surtout elle mérite d’attirer à elle tous les cultivateurs. Ceux qui ne voudraient pas s’affilier à un syndicat ne sauraient s’en prendre qu’à eux-mêmes des mécomptes que peut leur donner l’achat inconsidéré des substances fertilisantes.

C’est sur les phosphates surtout, qui renferment l’élément fertilisant par excellence et qui ont été, depuis l’origine de l’emploi des engrais chimiques, l’objet des transactions les plus importantes,