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Ces gisemens sont disséminés dans presque toute la France ; on en trouve dans un grand nombre de départemens. Quelques-uns font l’objet d’exploitations importantes qui alimentent les marchés ; d’autres, de plus faible étendue, servent à l’agriculture locale. Il en est qui ne sont pas encore exploités.

Les phosphates retirés de ces gisemens sont amenés à l’état de poudre fine et constituent alors ce qu’on appelle les phosphates naturels. Lorsqu’on les traite par un acide, leur élément fertilisant est solubilisé et acquiert une plus grande aptitude à favoriser la végétation ; les phosphates ayant subi ce traitement chimique portent les noms de superphosphates et de phosphates précipités.

En outre, l’industrie des aciers a récemment mis à la disposition de l’agriculture des résidus provenant de l’extraction du phosphore des fontes, qui en contiennent souvent de grandes quantités, et dont il est nécessaire de les débarrasser ; ce sont les scories phosphatées ou phosphates métallurgiques.

Enfin les os des animaux, qui sont constitués en majeure partie par du phosphate de chaux, fournissent un appoint notable de phosphates d’os qu’on emploie soit en nature, simplement pulvérisés, soit après les avoir soumis à diverses préparations.

Examinons les uns après les autres les engrais phosphatés que le commerce met abondamment à la disposition de nos cultures.

Sous la forme de nodules ou de coprolithes, on rencontre le phosphate de chaux dans les grès verts et dans la gaize, à la limite du terrain crétacé et du terrain jurassique, dans l’étage albien ; ils forment une zone partant des Ardennes pour aboutir à la basse Normandie, décrivant un grand arc de cercle qui passe à travers la Meuse, l’Aube, l’Yonne, le Cher, l’Indre, la Vienne, l’Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire, la Sarthe et le Calvados ; mais ce n’est qu’en certains points que les gisemens sont susceptibles d’être exploités.

Les départemens de la Meuse et des Ardennes constituent le centre le plus actif d’extraction. Le Pas-de-Calais, la Marne, le Cher, l’Yonne, en fournissent également des quantités importantes. La proportion d’acide phosphorique que renferment ces produits est généralement comprise entre 18 et 20 pour 100.

Des concrétions analogues se trouvent, formant des gisemens puissans, dans le lias de la Côte-d’Or (Auxois), des Vosges et de la Haute-Saône.

Pendant longtemps ce sont les nodules ou coprolithes qui ont alimenté les marchés, surtout celui de la Bretagne, et qui ont en outre fourni à l’industrie la matière première des superphosphates. À l’heure actuelle l’activité de leur exploitation s’est quelque peu