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il s’en est pleinement rendu maître, et c’est dans cette langue surtout qu’il correspondra avec ses amis et publiera ses ouvrages. Aussi bien, il suffit de consulter sa bibliothèque pour s’assurer que le latin est une langue qu’il s’est toujours plu à cultiver. C’est ainsi qu’on y trouve, entre autres volumes, les livres suivans : Lexicon Scapulæ græco-latinum, 1652, Lugd. ; Vossius, de Arte grammatica, Amstel., 1635 ; Lexicon Schrevelii græco-latinum et latino-græcum, 1654 ; Dictionarium Lat. Belg. ; Rhenii tyrocinium linguæ græcæ ; Vossii institutiones linguæ græcæ ; Schiopperi grammatica philosophica latina ; Vossii rudimenta linguæ græcæ ; Calepinus, Dictionarium novem linguarum. Si on ne considérait que le titre d’un dernier volume intitulé Dialogues françois, mais dont le sujet demeure mal défini, on pourrait croire que Spinoza s’était initié même à notre langue. Toutefois, est-il besoin de le noter ? ce n’était pas en pur philologue que Spinoza étudiait les langues et uniquement pour les langues elles-mêmes. Les langues lui étaient, avant tout, des instrumens, à l’aide desquels il s’efforçait de pénétrer dans les arcanes les plus secrets de la pensée. C’est pourquoi, comme la religion avait été sa principale préoccupation, il fallait s’attendre à trouver infailliblement les Écritures parmi ses livres. Et, en effet, sa bibliothèque en renferme plusieurs exemplaires et en plusieurs langues : Buxtorfii Biblia, cum Tiberiade ; Tremellii Novum Testamentum cum interprétatione Syriaca, typis ebr., 1659 ; Biblia en lengua espagnola ; Nathanis Concordantiæ Ebraicæ ; Pagnini Biblia, 1541 ; Biblia Ebr. cum comment. ; Biblia Junii et Tremellii.

Ce n’était point, d’autre part, simplement aux textes que pouvait s’en tenir l’audacieux auteur du Tractatus theologico-politicus, persuadé qu’il était « que, comme on s’est conformé aux sen-timens établis et à la portée du peuple, lorsqu’on a premièrement produit l’Écriture, de même il est à la liberté d’un chacun de l’expliquer selon ses lumières, et de l’ajuster à ses propres sentimens. » De là, l’abondance des commentaires que renferme la bibliothèque de Spinoza : Moris Nebochim, Venetiis ; Rabb. (Rambam, Rabbi), traduit d’arabe en hébreu ; Precationes Paschalis Rabb., id est Haggada ; Pignorii Mensa lsiaca, Amstel., 1669 ; Sandii Nucleus, Hist. Eccles., 1676, Col. cum traclatu de Script. Vet. Eccles. ; l’Empereur, Clavis talmudica, hebraice et latine ; Præadamita, 1655 ; Sepher Tabuith Haical, Tableau du Temple ; Explicatio v lib. Moses ; Maximes de Mischna et du Talmud, en hébreu ; les Nouveaux points de vue, en hébreu ; Pereirus in Danielem, 1602, Lugd. ; Wolzogen de Scripturarum interprete ; Velthusius de usu rationis in theologia ; Joseph del Medico,