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et voulait une date. Mais à côté du fait général, il y avait des faits de détail dont il fallait chercher l’explication. Ainsi après avoir observé que le vestibule est détaché du reste et que son entablement meurt entre les deux corniches du tambour sans lien avec elles, on se demanda si le portique et la rotonde étaient contemporains et s’ils avaient été conçus d’un seul jet. On en vint à s’étonner qu’il y eût deux frontons, l’un surmontant un avant-corps de briques appliqué à la rotonde et presque entièrement masqué, et l’autre appartenant au portique de marbre, et que ce second, par son toit, vînt couper le premier à sa base sur une notable longueur. C’étaient autant de disparates qui provoquaient les contradictions et appelaient les commentaires. À ces problèmes que l’on hésitait à résoudre par respect pour l’antiquité, mais qu’on ne pouvait cependant supprimer, s’en ajoutaient d’autres qui réclamaient les lumières des archéologues. Comment reconstituer le Panthéon tel que le texte de Pline nous le fait concevoir ? Nul doute sur le portique où on lit encore le nom d’Agrippa. Mais qu’étaient les sculptures du fronton ? où étaient les chapiteaux en bronze de Syracuse ? à quel endroit et comment étaient placées les cariatides de Diogène ? Telles sont les questions qui, posées depuis longtemps, ne sont pas encore résolues, et l’on verra pourquoi.

Mais un point sur lequel on n’a raisonné que plus tard, c’est sur la construction du Panthéon et particulièrement sur les conditions de stabilité de la coupole. Et c’est cependant un sujet important. En effet, cette voûte est immense, et elle est encore la plus vaste qui existe. Elle n’a pas moins de 43m, 42 d’ouverture à sa base, sur 43m,12 de hauteur. Comment une pareille masse de matériaux est-elle tenue en équilibre depuis tant de siècles ? Il y avait là une question de construction qui méritait d’être approfondie, mais qui restait incertaine.

Au Panthéon, on se trouve donc en présence d’un triple ordre de difficultés. L’édifice est-il le fait d’une conception unique ou est-il le résultat d’une juxtaposition, impliquant une date différente pour chacune des parties qui le composent ? quel était l’édifice primitif, et comment le reconstituer en complétant ce qui existe au moyen des textes ? Enfin par quels artifices si excellens la rotonde et la coupole ont-elles été bâties, qu’elles sont restées debout jusqu’ici ?

Sur les premières questions on n’a pu se mettre d’accord. Beaucoup d’artistes et d’antiquaires, parmi lesquels Palladio, Charles Fontana, Piranesi, Hirt, Fea, Nibby et Canina ont discuté sur l’adjonction possible du portique à la rotonde. Tandis que, parmi eux, les uns pensaient que la rotonde était plus ancienne que le vestibule, et que quelques-uns restaient dans le doute, d’autres