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accidens, sans entrer dans le détail de faits encore à l’étude, nous pouvons dire, d’après MM. d’Arsonval et Brown-Séquard, que beaucoup d’animaux parmi ceux qui succombent à l’expérience présentent à l’autopsie des symptômes de phtisie aiguë.

À côté des démonstrations expérimentales du laboratoire, les faits d’observation vulgaire ont fait voir depuis longtemps quelles dangereuses conditions hygiéniques dérivent de la cohabitation prolongée dans un local clos. Dans les pays du Nord, la rigueur de la température contraint l’homme à se calfeutrer à l’aide de doubles fenêtres, et à supprimer les ouvertures par où pénètre l’air froid. Presque partout, par insuffisance de ventilation, l’air séjourne en état de stagnation et se charge des produits de respiration. Et l’on sait quels ravages fait la phtisie pulmonaire en Danemark, en Suède, en Russie. Ce n’est pas le froid en lui-même qu’il faut incriminer dans ces climats septentrionaux. La preuve, c’est que le traitement reconnu aujourd’hui le plus efficace de la tuberculose est la cure d’air telle qu’on la fait à Davos et à Falkenstein, où l’on tient les malades avec les fenêtres ouvertes la nuit, et cela quand le thermomètre descend à dix et même vingt degrés au-dessous de zéro. Le poumon de l’homme s’habitue aisément à l’air froid, mais ne peut supporter impunément l’air confiné.

Tels sont les dangers auxquels est exposé l’écolier par la cohabitation prolongée dans des espaces étroits. Et l’on voit que pour satisfaire aux exigences de l’hygiène scolaire il ne suffirait pas de remédier aux inconvéniens de l’immobilité forcée en donnant à l’enfant une plus forte dose d’exercice musculaire, il faudrait encore, et surtout, lui permettre de respirer de l’air pur en quantité suffisante.

On a récemment introduit dans le régime de nos lycées, surtout dans les petites classes, des récréations intercurrentes qui viennent très fréquemment couper le temps des études et des classes. Les plus jeunes enfans ne restent guère tenus au travail plus d’une heure ou une heure et demie de suite. Ce morcellement du travail est assurément une excellente mesure : il porte remède aux attitudes vicieuses en les rendant moins prolongées, au défaut d’exercice, en permettant de faire agir les muscles. Le système des temps de repos courts et répétés ne dérange pas trop l’ordre établi des études et des classes, et donne même de bons résultats au point de vue du travail scolaire et de la discipline. On a remarqué que l’enfant, après avoir satisfait son besoin de mouvement et de plaisir, revenait à son banc plus docile et comme apaisé, reprenant avec plus d’entrain ses devoirs ou ses leçons. Malheureusement la brièveté de ces récréations ne permet guère qu’elles se