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dix-huit mois écoulés entre l’émission du dernier emprunt en rente française et la libération complète de cet emprunt le 15 juillet prochain. Les appels à l’épargne sont devenus de plus en plus rares. Les grandes compagnies françaises de chemins de fer ont ralenti leurs créations d’obligations ; des catastrophes éclatantes ont chassé les capitaux d’un grand nombre de valeurs aléatoires et de fonds exotiques. Le rendement de nos impôts est excellent ; les plus-values sont de mois en mois plus fortes ; celles de mai ont atteint 17 millions par rapport aux prévisions budgétaires et 22 millions sur les résultats de mai 1891.

Rappelons enfin un facteur tout-puissant de hausse, dont l’action irrésistible a été tant de fois signalée, les achats ininterrompus de rentes françaises sur le marché, effectués depuis 1887 par la Caisse des dépôts et consignations avec les fonds des caisses d’épargne, achats qui ont porté chaque année sur un capital variant de 200 à 300 millions de francs. Sans l’intervention de cet agent automatique, la hausse des rentes se fût produite à coup sûr, mais d’un mouvement incomparablement plus lent, et nous n’aurions pas vu la rente au pair en 1892, alors qu’elle se négociait encore au-dessous de 83 pour 100 en 1888.

Les obligations de nos grandes compagnies, bien que la Caisse des dépôts et consignations n’en ait fait entrer qu’une quantité relativement restreinte dans le portefeuille des caisses d’épargne, ont toutefois profité aussi largement que la rente de la faveur déclarée du public pour les placemens d’une sécurité absolue. Ces titres sont cotés aujourd’hui à de tels cours que leur rendement, si l’on tient compte de l’impôt qui les frappe, atteint encore à peine 3 pour 100.

La chambre vient d’achever la discussion en première lecture du projet de loi sur les caisses d’épargne. Le vote de l’amendement Siegfried avait eu pour résultat de faire baisser de près de 100 francs les actions du Crédit foncier. Ces titres se sont relevés, à la faveur de la hausse générale, de 1,112.50 à 1,142.50.

Le Crédit lyonnais est en hausse de 8.75 à 788.75, le Comptoir national d’escompte de 20 fr. à 515. Depuis la liquidation, les actions du Paris-Lyon-Méditerranée ont monté de 40 francs à 1,515, celles du Nord de 60 francs à 1,890, celles de l’Orléans de 45 francs à 1,557.50, le Gaz de 15 francs à 1,440, le Suez de 22.50 à 2,797.50.

Les titres des Chemins étrangers ont été tenus avec fermeté. Même les Méridionaux d’Italie se sont avancés de 10 francs à 660, les Autrichiens de 3.75 à 663.75 et le Saragosse de 3.75 à 226.25. Les Lombards et le Nord de l’Espagne sont restés à 225 et 185. Les obligations des Autrichiens, menacées de l’application d’un impôt, ont reculé d’environ 15 francs.

Le gouvernement français a présenté le 11 courant à la chambre un