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Dans une troisième période, on l’achemine à un travail encore plus personnel, où son jugement est plus en jeu : on le questionne sur les faits qui le concernent ou dont il a eu connaissance, sur les sentimens et les pensées qu’ils lui inspirent ; on l’habitue à rentrer en lui-même, à interroger sa conscience ; puisa étendre cette exploration à ce qui se passe en dehors de lui, à juger les événemens historiques et les personnages qui lui sont présentés. Il arrive enfin à faire des démonstrations sur les causes, les effets, les conséquences, à prendre l’habitude du raisonnement déductif et inductif. Voilà comment on le conduit à ce que l’abbé Tarra appelle la composition spontanée. Le moyen est toujours la parole, que l’écriture est chargée seulement de fixer et de réfléchir.


III

Nous avons dû insister sur cette partie de l’éducation des sourds-muets, la plus importante de toutes et sans laquelle les autres ne pourraient porter de fruits. L’enseignement de la parole et de la langue suit les élèves pendant toute la durée de leurs études, et il ne cesse jamais d’y occuper la première place. Passons rapidement en revue les autres enseignemens, l’arithmétique, la géographie, l’histoire, les notions de droit, etc.

Dès la première année, les enfans sont initiés à la numération par de premiers exercices très simples. Cet enseignement se poursuit par de petites additions d’abord orales, puis écrites (2e année), par des additions et des soustractions parlées et écrites (3e année), par des multiplications parlées et écrites, avec l’étude des monnaies et de leur valeur (4e année). Vient ensuite l’étude des nombres entiers et des nombres décimaux, avec des exercices de divisions parlées et écrites et des notions élémentaires sur le système métrique (5e année), puis, en 6e année, des problèmes pratiques et usuels sur les quatre règles avec application au système des poids et mesures et une idée des fractions les plus simples. La 7e année comprend le système métrique, des problèmes pratiques sur la règle de trois simple et la règle d’intérêt, enfin des élémens de géométrie (mesure des surfaces géométriques : carré, rectangle, triangle, cercle ; évaluation des volumes : cube, cylindre).

L’enseignement de la géographie est donné à partir de la cinquième année. On commence très sagement par l’étude de l’institution (topographie de la classe, du corps de bâtiment dont elle fait partie, des cours et jardins). On passe ensuite à l’étude de Paris (rues voisines, artères principales, parcours de la Seine à travers la ville, ponts principaux, grandes gares de chemins de fer), puis