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« Ces gens d’Europe ont leurs régimes : — Nous honorons la république, — Et nous ne voulons plus de rois ! — Nos enfans seront comme nous. — Paraisse donc cet heureux jour, — Jour du drapeau afrikander !

« Oui, l’Afrique, c’est la république, — De la Grootrivier à la Touguéla. — Un peuple anglo-hollandais, — Peuple de frères, main dans la main, — Garde, défend son cher rivage. — La patrie verdit et fleurit !

« Adieu ensuite et lords et rois ; — Nous honorons la république, — Et nous honorons l’équité, — Et nous ne voulons plus de rois ! — Nos enfans seront comme nous.

« Vous voulez nous confédérer ? — Mais non, vous nous tendez un piège. — Carnarvon l’a bien.laissé voir, — Le Transvaal fut dans le sac. — Or le chat est sorti du sac ! — Vous voulez nous confédérer ?

« Nous honorons, nous, l’équité ! — Rendez d’abord pays volé, — Et tendez-nous après la main : — Mais point de lords et point de rois ! — Nous honorons la république.

« Non, nous ne voulons plus de rois ! — Nos enfans seront comme nous. — Mes complimens au bon Jan Brand, — Grand pilote d’un petit bateau[1] ; — Qu’il vive longtemps, bien longtemps ; — Les Afrikanders le lui souhaitent ! »


Des deux races en présence, laquelle mettra le plus de son cœur et de son cerveau dans la nouvelle nationalité ? C’est une autre question. La presse sud-africaine se trouve en majeure partie aux mains d’Anglais ou de colons d’origine britannique. Seuls, les Anglais ont pu créer dans la colonie du Cap de grands journaux, sous le large format des feuilles de Londres. Le Cape Times, le Cape Argus, sont des feuilles parfaitement rédigées. Outre les dépêches sous-marines de l’agence Reuter, elles publient quelquefois des cablegrammes de Londres, très coûteux, de leurs correspondans particuliers. Elles réimpriment pour l’Europe, en brochures, leur substance de chaque semaine, et fournissent à leur clientèle d’Afrique un numéro spécial hebdomadaire, assez volumineux, composé sur les bords de la Tamise par les soins de leurs succursales ; on y trouve la quintessence de tout ce qui paraît de plus intéressant pour les sud-Africains dans la capitale de l’empire britannique. Ces journaux ont pour rédacteurs des hommes lettrés, érudits, à la plume alerte, pleins d’entrain et d’humour. Deux autres quotidiens voient la lumière à Kimberley, le Diamond Field Advertiser et le Daily Independent. Il y a ensuite une foule de moindres

  1. Alors président de l’État-Libre.