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qui ont eu le plus de vogue. Presque tous, en vue d’éventualités que j’ai indiquées plus haut, comportent deux points terminus : l’un sur la frontière chinoise ou tout proche de cette frontière, l’autre en territoire chinois, plus ou moins loin de la frontière birmane.

En premier tracé part de Mandalay, remonte l’Iraouaddy jusqu’à Bhamo et, s’inclinant vers le nord-est, franchit la frontière de Chine et aboutit à Momein (environ 25 degrés de latitude nord et 98°40’ de longitude est Greenwich). De Momein, il se dirige soit par le nord-est sur Tali-Fu (100 degrés longitude), soit par l’est sur Yung-Chaw et de là sur Yunnan-Fu (103 degrés longitude). Ce tracé, longtemps vanté, et dont une partie sera probablement exécutée plus tard, est aujourd’hui abandonné dans son ensemble. Beaucoup de voyageurs, notamment ceux de la mission Grosvenor et M.Colquhoun, ont parcouru le pays qu’il traverse, et le considèrent comme impraticable. Voici ce qu’en disait feu M. Colborn-Baber, secrétaire interprète de la légation d’Angleterre à Péking et membre de la mission Grosvenor : « Il semble chimérique de croire que l’on puisse rendre cette route praticable pour des voitures. Les vallées ou plutôt les abîmes de la Salouen et du Mékong, pour ne pas parler d’autres obstacles, présenteront des difficultés longtemps sans doute insurmontables. En perçant une demi-douzaine de tunnels comme le Mont-Cenis, en construisant quelques ponts comme ceux du Menai, la route de Birmanie à Yunnan-Fu pourrait sans doute être beaucoup améliorée. » Ajoutons ceci : cette ligne traverserait des pays montagneux, pauvres et inhabités.

Un deuxième tracé part de Hlinedet, sur la ligne de Rangoon à Mandalay, descend par le sud-est, vers Mone (20° 30’ lat., 97° long.), franchit la Salouen à Tacaw-Ferry (21 degrés lat., 98° long.) et passe par Kiang-Tung (21 degrés lat., 100° long.) et Kiang-Hung (22 degrés lat., 101° long.). A Kiang-Hung, on n’est plus qu’à une faible distance de la ville chinoise de Ssu-Mao. Ce tracé passe à travers une contrée montagneuse. De Hlinedet à Mone, on rencontre quatre défilés, dont l’un est à 4,900 pieds au-dessus de la mer. Depuis Mone, on franchit trois chaînes de montagnes, puis on redescend jusqu’à 870 pieds d’altitude, à Tacaw-Ferry, où la Salouen a 800 pieds de large. De Tacaw-Ferry à Kiang-Tung, quatre autres chaînes de montagnes, dont la hauteur varie de 4,000 à 6,500 pieds, et enfin de Kiang-Tung à Kiang-Hung, une pente continue durant laquelle on s’abaisse de 4,000 pieds.

Les énormes difficultés physiques que rencontreraient ces tracés ont amené MM. Colquhoun et Hallett à en chercher un autre à travers des pays moins bouleversés. Leur chemin de fer part de Maulmein, le second port de Birmanie, situé sur le golfe de Martaban, non loin de l’embouchure de la Salouen et de là passe