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messe quand ils étaient de semaine… Après la messe, chacun allait se réjouir à la chasse ou à des rendez-vous, et quand ils étaient revenus, tôt ou tard, on disait vêpres. Les servantes, qu’on pouvait nommer des maîtresses, se réjouissaient entre elles ou avec des compagnons qui venaient voir leurs maîtres. »

Du commencement du XVIIe siècle jusqu’au milieu, c’est une irruption dans la province berrichonne, de religieux et de religieuses de tout ordre, de toute robe, de toute catégorie. De 1612 à 1630, les capucins envahissent Vierzon, Saint-Aignan, Montluçon, Moulins, Châteauroux, Saint-Amand et Bourbon. Les minimes apparaissent à Issoudun en 1615, ainsi qu’à Dun-le-Roi vers la même année. De 1616 datent les augustins réformés de Bourges, d’Aubigny, du Blanc et de Saint-Benoît-du-Sault ; ceux de Châtillon-sur-Indre en 1627 ; ceux de Sancerre en 1630. En 1624, apparaissent les oratoriens. Notez qu’il y a déjà des jésuites, des ordres mendians. En 1617, les religieuses carmélites arrivent à Bourges ; l’année suivante, elles s’établissent à Issoudun et à Bourges aussi ; les ursulines sont à Celles-sur-Cher en 1634 ; elles étaient à Bourges et à Issoudun depuis 1631 ; les hospitalières viennent dans la première de ces villes en 1628 pour soigner les pestiférés ; celles de ces saintes femmes que le fléau épargna y restèrent. D’autres vinrent de Loches à Vierzon en 1633.

Quant aux anciens monastères qui s’étaient élevés du sol dans un temps où la loi créait des merveilles, leurs titulaires, à l’époque où nous nous trouvons, étaient des personnages tout à fait étrangers à la vie et aux règles religieuses. Il s’en trouva même dans le nombre qui appartenaient à l’église réformée. L’on cite un amusant propos que l’on dirait renouvelé de Vespasien, propos d’un calviniste, M. de Rochefort, devenu un jour propriétaire de l’antique abbaye de Fongombaud. Marie de Montmor, la femme de ce grand seigneur, un favori du prince de Condé, disait un jour à son mari que les revenus qu’il tirait de l’abbaye le damneraient et seraient cause de la ruine de la maison. — Bah ! dit Rochefort en mêlant deux poignées de pistoles à plusieurs effigies, en faites-vous la différence ? — On vit des femmes, des enfans, ides abbés de cour, usufruitiers de prieurés dans lesquels ils ne mettaient jamais les pieds. Pourvu que les directeurs des communautés et leurs moines eussent leur pitance journalière, le service du culte ne venait qu’en second lieu. On s’occupait encore moins de restaurer et d’entretenir en bon état les églises ou les abbayes, et c’est de ce siècle d’obscurantisme que datent les premières ruines des édifices merveilleux du moyen âge. À côté de cet abandon des temples sacrés et de cette parodie du