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hommes d’armes des ordonnances, dont le maréchal était capitaine, et un grand nombre de gentilshommes ; puis le grand deuil, mené par le comte de Marans, René de Beuil, fils unique du comte de Sancerre, et le petit deuil, c’est-à-dire la famille. Enfin, ce long cortège se terminait par les officiers du siège présidial, le corps de ville avec les trente-deux conseillers et les cinquante dizainiers, tous vêtus aux couleurs de la ville, vert et rouge, et la milice bourgeoise, portant l’arquebuse sous le bras, l’extrémité inclinée vers la terre, la hallebarde la pointe en bas, les enseignes pliées et traînantes, les tambours couverts de crêpes. »

L’un des derniers et des principaux révoltés de ces temps troublés fut un Florimond du Puy, seigneur de Vatan, calviniste. Il refusa toujours de se soumettre aux exigences du fisc, prenant sans cesse sous sa protection ceux qui faisaient de la contrebande du sel leur principal métier. Ayant appris qu’on avait arrêté un faux-saunier, dont, sans doute, il était le complice, le seigneur de Vatan, à la tête d’une troupe armée, envahit le château de Bellair, dans la commune d’Arçay, et en enleva, en qualité d’otage, l’un des fils du vicomte de Coulognes, receveur-général des finances et fermier-général des gabelles en Berry. Douze cents hommes d’infanterie, une compagnie de Suisses et six pièces d’artillerie furent jugés nécessaires pour mettre le rebelle à la raison. La brèche fut ouverte par le canon, la ville prise d’assaut, et le seigneur de Vatan, réfugié dans son château très bien fortifié, refusait encore de se rendre. Malheureusement pour lui, ses soldats en masse l’abandonnèrent et force lui fut de se livrer. Conduit à Paris sous bonne escorte, et après un jugement en règle, il ne sortit de la Conciergerie que pour être conduit en place de Grève, où il eut la tête tranchée en sa qualité de gentilhomme. Le châtiment était mérité, ce qui n’empêcha pas les calvinistes de prendre son châtiment pour prétexte à de nouveaux troubles.

Entre temps, les états-généraux de 1614, les derniers de l’ancienne monarchie, et qui devaient aplanir toutes les difficultés, n’avaient fait qu’aviver les haines toujours inassouvies entre catholiques et huguenots. A titre de mémoire, voici comment le Berry y fut représenté. Pour le clergé : l’archevêque André Frémiot et Guillaume Foucaut, grand-archidiacre de l’église de Bourges ; pour la noblesse : Henri de La Châtre, MM. de Rodes et de Nançay ; pour le tiers-état : François Le Mareschal et Daniel Millet, trésoriers-généraux-des finances ; Gabriel Picault, conseiller au présidial ; Vincent Sarrazin, président en l’élection ; le maire, Louis Foucaut, et deux échevins, Claude Bourdaloue et Claude Lebègue.

Les états-généraux se clôturèrent sur une lettre de Marie de