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ecclésiastiques d’Orient, on serait fort en peine d’affirmer que la littérature byzantine ait, en réalité, de nos jours, cessé d’exister.


II

En dehors d’une introduction et du chapitre consacré à la littérature vulgaire, l’ouvrage de M. Krumbacher est divisé en deux parties : Prose et Poésie. Les prosateurs sont répartis en plusieurs subdivisions : historiens et chronographes, — géographes, — philosophes, rhéteurs, sophistes et épistolographes, — et en dernier lieu, tout ce qui se rapporte à la philologie (alterthumwissenschaft). La diversité de ces rubriques témoigne, par elle seule, de l’activité littéraire de cette période ; et encore il y manque non-seulement tout ce qui touche à la théologie, mais aussi les travaux ayant trait au droit, à la médecine, aux mathématiques, et aux sciences en général.

Chacun de ces groupes est précédé d’un aperçu d’ensemble, où l’on trouve des renseignemens et des jugemens d’un grand intérêt ; puis viennent des notices détaillées sur chacun des principaux écrivains de chaque groupe ; à celles-ci fait toujours suite une bibliographie complète, indiquant non-seulement les éditions, ou les traductions de chaque auteur, mais aussi toutes les monographies ou études spéciales dont il a pu être l’objet dans presque toutes les langues de l’Europe. M. Krumbacher ne s’est épargné aucune peine pour faire de son livre un vade-mecum indispensable, un guide aussi minutieux que sûr, pour ceux qui voudraient s’occuper de littérature byzantine. Il a débrouillé cette masse énorme de documens littéraires avec une patience scrupuleuse, avec une précision scientifique, qui seront surtout appréciées par ceux qui ne sont pas étrangers à ces études. La richesse des détails n’alourdit point son livre. La distribution méthodique de la matière et l’arrangement typographique viennent en aide au lecteur, dont l’intérêt se trouve réveillé à la fin de chaque chapitre par les considérations générales qui préparent le chapitre suivant.

De tous les prosateurs, c’est aux historiens que notre auteur donne la préférence. Ainsi qu’il le remarque, aucun peuple européen ne possède une littérature historique aussi riche que les Grecs. D’Hérodote à Laonic Chalcondyle, la chaîne ne s’interrompt pas. Les historiens de la période qui nous occupe s’attachent aux modèles antiques ; ils imitent leurs procédés et s’efforcent même de leur emprunter leur langue. Ils comprennent comme eux le caractère et la mission de l’histoire ; sans pouvoir les égaler, ils suivent fidèlement leurs traces ; beaucoup d’entre eux ont le vrai