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REVUE DRAMATIQUE

Théâtre du Gymnase : la Menteuse, pièce en trois actes de MM. Alphonse Daudet et Léon Hennique. — Petit théâtre des Marionnettes : la Légende de sainte Cécile, de M. Maurice Bouchor, musique de M. Chausson. — Comédie-Française : Par le Glaive, drame en cinq actes (sept tableaux), de M. Jean Richepin.

La pièce de MM. Daudet et Hennique n’est point une étude de caractère ni de mœurs. Il n’y a là qu’une intrigue, moins encore : une action, assez banale, très sommaire, où j’aurais voulu plus d’originalité, plus d’adresse aussi, plus de préparation surtout et de développement.

La très noble et très austère comtesse Nattier a destiné de tout temps son fils, le comte George, à Lucile, une fille de son frère, qu’elle a élevée. Elle a néanmoins introduit chez elle et traité en amie une jeune femme inconnue, belle et séduisante, Mme Deloche, soi-disant veuve, en réalité divorcée, entretenue, aventurière et menteuse. Celle-ci a gagné à demi l’esprit de la mère et tout à fait le cœur du fils. Un jour, un incident équivoque, une lettre surprise, ouvre les yeux de la comtesse : elle chasse Mme Deloche, qui sort, mais au bras de George, résolu à l’épouser, en dépit de l’opposition, presque de la malédiction maternelle. Et voilà le premier acte.

Au second, le mariage est fait. Le ménage vit modestement et amoureusement. Lui gagne cinq cents francs par mois « dans les assurances ; » elle, a d’autres ressources. Elle fait croire à son mari qu’elle donne des leçons de piano, qu’elle achète pour quelques sous au marché de la