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ou le sacrement de la pénitence : il devait se contenter des offrandes faites par les fidèles ; tonsure obligatoire pour les archidiacres, les abbés, les prévôts, les écolâtres, les chanoines, et tous ceux qui remplissaient un ministère quelconque dans l’église ; barbe rasée avec une couronne de cheveux seulement, telle que la portent les dominicains et les franciscains encore aujourd’hui en Espagne. Autre résolution bien caractéristique : défense aux laïques de posséder les bénéfices ecclésiastiques appelés fiefs presbytéraux. C’était le plus clair, le plus productif du revenu des abbés de haute noblesse, des prieurs et des archevêques ; ils se les réservaient.

En l’année 1145, un nouveau concile prépara à Bourges la seconde croisade ; autre concile en 1226 dans lequel fut décidée une prise d’armes contre les Albigeois. Une grande partie du clergé du Berry s’enrôla pour cette triste guerre à titre de combattant, et il s’y distingua par un fanatisme que Simon de Montfort ne sut que trop aviver.

Au moment où tout homme valide attachait à son vêtement la croix rouge des croisades, Philippe Ier, roi de France, sans souci de l’excommunication qui l’avait frappé à la suite de l’enlèvement de la femme de Foulques, duc d’Anjou, acheta d’Eudes Arpin, au prix de soixante mille écus d’or, la vicomté de Bourges. Cette magnifique acquisition fut le premier pas fait par la royauté vers le Midi de la France. Cet Eudes Arpin, dont les trouvères chantèrent les exploits en terre-sainte, tout d’abord grand seigneur prodigue jusqu’à la ruine, enthousiaste pour la délivrance de Jérusalem, captif ensuite des Turcs de Bagdad, finit par s’enfermer dans l’abbaye des bénédictins de Cluny en Saône-et-Loire. Il en était prieur quand la mort vint terminer cette vie si tourmentée. On verra, par la suite, que le Berry, à cette époque, pays de piété et de chevalerie, eut toujours plusieurs représentans de la noblesse dans chacune des croisades.

C’est peu de temps après que les esprits troublés se furent calmés, — on avait annoncé dans toute la chrétienté la fin du monde pour l’an 1000, — que fut construite, à Neuvy-sur-la-Bouzanne, une église unique en son genre, ayant exactement la forme de celle qui renferme le saint-sépulcre à Jérusalem. Si antique est son autel, qu’il est cité dans une charte du prieuré de Crozon en 1087. L’église est circulaire, et se compose de deux coupoles superposées, offrant à l’extérieur l’aspect d’une tour massive que devait couronner un troisième dôme resté inachevé. A l’intérieur, chacune des coupoles s’appuie sur des colonnes massives, douze au rez-de-chaussée et quatre au premier étage ; tout autour de ces colonnes, règne