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Bourges, Pau, jusqu’à Valence, émettent le même vœu[1]. Les professeurs de la Faculté de médecine de Montpellier demandent en grâce au roi u d’être séparés de l’Université, de reprendre l’existence isolée dont ils n’ont jamais cessé de jouir jusqu’à leur incorporation et de recouvrer les prérogatives qui leur avaient été accordées par les papes et les rois comme une noble récompense de leurs longs et pénibles travaux. » Ils réclament en même temps comme un « héritage de gloire » « le titre honorable de conseillers-médecins ordinaires du roi[2]. » Les chirurgiens de Paris demandent au roi le rétablissement de l’ancien collège et de l’académie de chirurgie, la restitution de l’école et de ses dépendances qu’ils tenaient de la munificence de Louis XV et de Louis XVI, et « la rentrée en jouissance des revenus payés par l’État, dont les fonds provenaient de donations faites par des chirurgiens bienfaiteurs[3]. » Une adresse signale la nécessité de réorganiser les écoles de médecine et de chirurgie conformément aux statuts et règlemens de l’ancienne Faculté de médecine et de l’ancien Collège de chirurgie. Et le roi encourage ces tendances en chargeant une commission présidée par son premier médecin, le Père Elysée, d’étudier un projet qui eût constitué à part l’un de l’autre, et tous deux hors de l’Université, l’enseignement de la médecine et celui de la chirurgie[4]. Il manifeste ses propres sentimens à l’égard des institutions scientifiques de la Révolution en décomposant l’Institut, en rendant leurs anciens noms aux classes qui le constituaient, en en chassant sans respect pour la science, la gloire et le génie, des hommes comme Monge, David et Carnot[5]. Enfin il prend soin de rappeler lui-même à l’Université qu’elle n’a pas cessé d’être suspecte, qu’elle est simplement tolérée, et pour un temps seulement, en chargeant une commission où siégeait Chateaubriand, un adversaire irréductible, d’examiner « s’il ne convient pas de confier l’instruction publique à un corps enseignant dans lequel entreront les ecclésiastiques qui peuvent s’y destiner… les restes des congrégations enseignantes, les congrégations ecclésiastiques autorisées ou qui pourront l’être[6]. »

Voilà qui suffirait à expliquer ce qu’en d’autres circonstances on appellerait l’étroitesse de vues de la Commission. Il s’y ajoutait d’autres difficultés, l’attitude des personnes, celle des professeurs

  1. Archives nationales, F. 17-4727.
  2. Archives de la Faculté de médecine de Montpellier.
  3. Archives nationales, F. 17-4727.
  4. Ibid., AD, VIII-32.
  5. Ordonnance du 21 mars 1816.
  6. Moniteur du 21 juillet 1816.