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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


sont plus facultatives, elles sont presque toutes obligatoires. Il ne s’agit plus, en effet, d’apprécier la valeur intellectuelle du candidat, — on est renseigné là-dessus, — mais son savoir professionnel.

Quand on a vu combien de précautions ont été prises pour choisir ces fonctionnaires[1], on pourrait s’imaginer qu’une fois arrivés dans l’Inde, ils vont être tout de suite admis à faire leurs pre-

    naires des services techniques et trois particuliers ; et la raison qui les détermina était que ces personnes savaient la langue birmane. (Burma, 1886, III, p. 39.) Ce premier renfort fut insuffisant, on demanda alors des volontaires parmi les civilians de l’Inde, On avait ici encore le choix entre deux catégories. On pouvait, dans ces circonstances pressantes, et malgré une certaine répugnance des fonctionnaires de l’Inde à servir en Birmanie, trouver à foison parmi eux des hommes d’une expérience consommée : on leur préféra de jeunes fonctionnaires ayant de deux à cinq années de service, et qui, je le dirai plus loin, n’étaient pas autrement remarquables : « Nous n’avons pas, écrivait lord Dufferin, demandé de fonctionnaires civils plus anciens. Le chief commissioner redoutait même leur venue. Leur ancienneté leur aurait donné droit à des positions où leur ignorance de l’idiome local aurait entraîné de grands inconvéniens. Le birman est fort difficile. Un fonctionnaire, occupant de par son ancienneté le poste de deputy commissioner, n’a jamais et, surtout dans les circonstances présentes, n’aurait eu que fort peu de temps à consacrer à cette étude. Le principal fonctionnaire du district, s’il ignore la langue parlée et doit se fier à des interprètes, ne peut jamais et nulle part être considéré comme pratiquement utile (efficient) ; en Haute-Birmanie, à l’heure présente et pour quelque temps encore, il ne serait absolument pas à sa place. » (Ibid.) On choisit, en conséquence, des hommes jeunes, qu’on plaça dans des postes de début et qui s’engagèrent à apprendre le birman dans un laps de temps variant de dix-huit mois à deux ans et demi ; d’ailleurs, pour les y encourager, on leur alloua une prime annuelle.

  1. Il en est une encore que je n’ai pas dite : c’est la partie orale de l’examen. À l’origine, l’examen oral ne portait que sur certaines matières : anglais, grec, latin ; aujourd’hui, et depuis 1858, il porte sur toutes les matières. « Nous y attachons, disaient dans un rapport déjà ancien les commissaires du civil service, une grande importance. Cet examen oral a un double but : attester la sincérité des connaissances du candidat, et en outre mettre en jeu ces qualités qu’un examen écrit no fait ressortir que bien peu, si même il peut les faire ressortir, à savoir : sa vivacité d’esprit, sa confiance en lui, son courage moral. » Et, vingt ans après ce premier rapport, une commission spéciale ajoutait : « Les vues de nos prédécesseurs méritent notre unanime approbation. L’examen oral permet à un examinateur habile et consciencieux de se rendre compte si les compositions écrites du candidat sont dues à une mémoire très cultivée ou à une parfaite intelligence des sujets qu’il a étudiés. En même temps il révèle l’existence, chez le candidat, de qualités d’un autre ordre, mais d’une importance considérable pour de futurs fonctionnaires du service civil de l’Inde… Quand on considère la position exceptionnelle des fonctionnaires du civil service de l’Inde et l’étendue des intérêts qui leur sont confiés, on peut dire, sans exagération, qu’une erreur de principe dans le choix de ces fonctionnaires, qu’elle soit due à une connaissance imparfaite des sujets ou à une partialité de l’examinateur, doit conduire à des résultats dont l’effet nuisible ne se révélera que quand ils seront sans remède. » (Voir Report of the public service commission, 1888, c. 5327, p. 41.)