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POÉSIE ET VÉRITÉ

A PROPOS DES LIVRES RECENS SUR LAMARTINE[1].

Il y a cinq ans, on inaugurait à petit bruit une statue de Lamartine tout au bout de Paris, à côté du modeste logis ou la vieillesse du poète avait tant peiné. Le bronze est maigre tapi et comme retraité dans un square étroit, à la queue de la longue avenue que Victor Hugo emplit de son nom glorieux ; on dirait d’une concession temporaire auprès d’une concession à perpétuité. Rien n’éveilla l’idée d’une réparation nationale, ni dans la statue, ni dans la façon dont elle fut donnée ; c’était plutôt la dernière aumône accordée à une indigence encombrante_ Quelques personnages officiels, pas des plus gros, se recommandèrent à notre attention devant quelques fidèles transis ; on redescendu dans la ville, et là-haut le silence retomba vite sur le pauvre grand homme, resté seul avec son chien. — Une voix protesta ici-même contre l’injuste oubli ; elle disait : « Les circonstances changent et les œuvres demeurent ; et c’est pourquoi j’ai la confiance que l’heure viendra tôt ou tard, pour Lamartine, d’être mis à son rang... Le rang, il se pourrait bien que ce fût le premier<ref> La Poésie de Lamartine, dans la Revue du 15 août 1886 et dans l’Histoire et la littérature, t. III. par F. Brunetière

  1. Lamartine, étude de morale et d’esthétique, par Ch. De Pomairols ; Hachette, 1889, — La Jeunesse de Larmartine, par Félix Reyssié ; Hachette, 1892.