Il y a cinq ans, on inaugurait à petit bruit une statue de Lamartine tout au bout de Paris, à côté du modeste logis ou la vieillesse du poète avait tant peiné. Le bronze est maigre tapi et comme retraité dans un square étroit, à la queue de la longue avenue que Victor Hugo emplit de son nom glorieux ; on dirait d’une concession temporaire auprès d’une concession à perpétuité. Rien n’éveilla l’idée d’une réparation nationale, ni dans la statue, ni dans la façon dont elle fut donnée ; c’était plutôt la dernière aumône accordée à une indigence encombrante_ Quelques personnages officiels, pas des plus gros, se recommandèrent à notre attention devant quelques fidèles transis ; on redescendu dans la ville, et là-haut le silence retomba vite sur le pauvre grand homme, resté seul avec son chien. — Une voix protesta ici-même contre l’injuste oubli ; elle disait : « Les circonstances changent et les œuvres demeurent ; et c’est pourquoi j’ai la confiance que l’heure viendra tôt ou tard, pour Lamartine, d’être mis à son rang... Le rang, il se pourrait bien que ce fût le premier<ref> La Poésie de Lamartine, dans la Revue du 15 août 1886 et dans l’Histoire et la littérature, t. III. par F. Brunetière
- ↑ Lamartine, étude de morale et d’esthétique, par Ch. De Pomairols ; Hachette, 1889, — La Jeunesse de Larmartine, par Félix Reyssié ; Hachette, 1892.