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Albums d’usage, — et des deux volumes du Magasin d’éducation et de récréation.

Mais on ne peut parler du Magasin d’éducation sans aussitôt songer au Journal de la jeunesse, non plus que de la collection ou des collections Hetzel sans songer à la Bibliothèque blanche. Et il faut bien croire que plus il se publie de journaux, plus il se trouve de lecteurs pour les lire, et au besoin pour y collaborer, puisqu’il n’y aura pas bientôt une maison d’édition qui n’ait le sien : le Saint-Nicolas, chez l’éditeur Delagrave, le Petit Français illustré chez l’éditeur Armand Colin, la Bibliothèque de ma fille et de mon petit garçon, chez Firmin-Didot, que sais-je encore ? Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que l’on n’ouvre pas un de ces journaux sans y apprendre quelque chose ni même, assez souvent, sans y trouver un intérêt dont on ne se croyait plus capable aux aventures d’Yves Kerhélo ou à l’histoire de la Famille Hamelin.

Nous eussions donc été bien inspirés, quand nous en avions le loisir, de lire les Jumeaux de la Bouzaraque, de M. Henri Meyer, ou les Conquêtes d’Hermine, de Mme J. Colomb, ou encore une Poursuite, de Mme de Nanteuil, car nous pourrions en dire aujourd’hui quelques mots… Mais le moyen de tout lire en huit jours ? Qu’éditeurs et auteurs nous pardonnent donc et qu’ils n’imputent qu’au manque de temps nos oublis apparens ! J’aurais aimé, sans doute, à lire le Premier shampoing d’Absalon, de M. Charles Normand, dans le recueil de ses Six nouvelles[1], et j’aurais dû trouver le temps de parcourir Ennemis d’enfance, de M. David-Sauvageot, pour voir les débuts dans le roman de l’auteur d’un très bon livre sur le naturalisme.

Au moins, quelques livres dont il nous reste à parler, n’avons-nous eu qu’à les feuilleter, comme ce joli récit de la Neuvaine de Colette[2], dont l’auteur, Mlle Jeanne Schulz, un peu impatientée sans doute, comme il arrive fréquemment, de voir des personnes, trop amies de la gloire, se faire honneur de sa trouvaille, s’est enfin révélée. M. Emile Bayard l’a illustré de fort jolis dessins. Très jolis aussi, trop jolis peut-être, pas assez « romantiques, » ni, si je l’ose dire, assez déclamatoires, ceux dont M. Jazet a orné la Confession d’un enfant du siècle[3]. Je n’y retrouve pas Néron, ni « le cri de la mouette, l’oiseau funèbre des tempêtes, » ni « l’affreuse désespérance, pareille à la peste asiatique exhalée des vapeurs du Gange, » quoique d’ailleurs moins dangereuse. C’est pourquoi j’aime mieux les illustrations de M. Toudouze pour la Chronique du règne de Charles IX[4], de Prosper Mérimée, et si l’on disait

  1. Armand Colin.
  2. 1 vol. in-8o ; Plon et Nourrit.
  3. 1 vol. in-8o ; May et Motteroz.
  4. 1 vol. in-8o ; Calmann Lévy.